Mise à jour le 06/05/2024

C’est une grosse machine, dont les rouages nous échappent souvent. Et pourtant : l’Europe fait bel et bien partie de nos quotidiens, en bonne fée des grands projets comme des initiatives locales !

Une femme qui fait du vélo avec un triporteur
Vélo & Co est soutenu par l'Europe, au titre du projet Small sur les mobilités douces. - ©Nacer Hammoumi

Ce matin, vous avez emprunté une piste cyclable pour aller déposer votre cadet au groupe scolaire de Kerargaouyat, avant de monter dans un des bus électriques du réseau Bibus, direction le travail. À l’heure du déjeuner, votre aîné vous a raconté en visio la teneur de son séjour Erasmus+ en Italie. Ce soir, vous irez assister à un spectacle sur la place des Machines des Ateliers des Capucins, en empruntant le téléphérique… Autant de moments de votre quotidien, et autant de réalités bien concrètes qui n’auraient sans doute pas vu le jour sans l’aide de l’Europe.
Car si celle-ci semble lointaine et complexe, elle s’avère en fait très proche de la réalité des territoires et de leurs besoins, qu’elle vient soutenir via de nombreux financements.

« L’Europe est dans nos quotidiens, même si on ne le sait pas forcément. Et dans de nombreux domaines c’est elle qui nous permet d’avancer sur les questions de transitions écologiques comme sur les inégalités sociales, entre autres ! », confirme Frédérique Bonnard-Le Floc’h, vice-présidente de Brest métropole en charge des coopérations territoriales et des politiques contractuelles.

Pas de grands projets sans l'Europe

Et si, dans les coulisses, les financements européens répondent à des sigles tels que le Feder et le FSE ou bien encore les programmes Interreg, il suffit pour comprendre la place de l’Europe sur le territoire d’ouvrir les yeux ! De la première ligne de tramway au téléphérique en passant par la médiathèque François Mitterrand – Les Capucins, ou l’inscription du port de Brest dans le réseau central européen de transport (RTE.T), l’Europe est partout !

Et ce ne sont là que les exemples les plus emblématiques de l’aide européenne au développement des territoires. Grâce au plan de relance européen post Covid, l’Europe a versé quelque 8 millions d’euros à la collectivité, aidant ainsi à financer la rénovation d’un groupe scolaire (Kerargaouyat, à Brest), l’installation de bornes de recharge électrique pour les bus, l’électrification du dépôt des bus, le schéma directeur vélo et la création de nouvelles pistes cyclables, ou de mettre en place des ombrières photovoltaïques sur le territoire, pour de l’autoconsommation.

Six projets européens en coopération

Brest métropole est partenaire de 6 projets européens de coopération territoriale entre 2021 et 2027. Ils concernent la mobilité inclusive, la nature en ville (avec notamment la végétalisation des cours d’école), le service public local de la donnée, la pollution lumineuse ou encore le tourisme durable.

J’appelle les électrices et les électeurs à se mobiliser et à aller voter pour ce scrutin  le 9 juin ! Nous sommes tous concernés par l’Union européenne dans notre vie quotidienne, à l’échelle de notre métropole. L’Europe soutient ici de nombreux projets, pour nos écoles, nos logements sociaux, nos ressources environnementales, notre rade, nos mobilités. François Cuillandre, président de Brest métropole

Rendez-vous le 9 juin

Le 9 juin, les citoyennes et citoyens du territoire de Brest métropole sont appelés à voter dans leur commune, dans le cadre des élections européennes. Ce scrutin unique va permettre de désigner les 81 eurodéputés français, pour la nouvelle mandature.
 

L'Europe, c'est la solidarité

« L’Europe, ce sont aussi des projets de coopération entre territoires, qui permettent d’avancer ensemble », rappelle Frédérique Bonnard-Le Floc’h. Soutenu par l’Union européenne, le projet Climate active Neighbourhoods a permis de favoriser la transition, tout en luttant contre la précarité énergétique des ménages. Dans le même ordre d’idées, c’est bien encore l’Europe qui a été au rendez-vous pour accompagner la rénovation énergétique du parc social de Brest métropole habitat (6 millions d’euros).
La réalité européenne, ce sont encore des projets solidaires, comme de nombreux chantiers d’insertion par l’emploi. Celui de Terre en espoir papier a, par exemple, pu voir le jour à Guipavas grâce à une subvention européenne. Des dizaines d’actions d’insertion par l’emploi diligentée par Défis emploi dépendent également des financements de l’Europe (lire pages suivantes).

  • 10 M€

    de fonds Feder pour Brest Métropole (2021-2027)

  • 8,87 M€

    de FSE pour Défis emploi Pays de Brest (2014-2021)

  • 15 M€

    de participation européenne au nouveau quai du port de Brest

L'Europe, "ça va de soi"

Et puis, il y a la vie européenne. Celle que des centaines de jeunes d’ici expérimentent chaque année, notamment via le programme Erasmus+, qui concerne les étudiants, mais aussi de nombreuses écoles publiques.
Un premier pas dans la porte, qui conduit nombre de ses bénéficiaires à « ne pas se poser de questions sur les frontières, sur la monnaie : pour la plupart des jeunes, ça va tout simplement de soi », sourit Jocelyn Chesnel, de l’association Breizh Europe, qui mène de nombreuses actions de sensibilisation à l’Europe, dans les écoles. Une génération spontanée d’Européens en quelque sorte, et qui est, au final, la plus belle et la plus durable des constructions européennes  !
 

Pas si Small !

Le projet européen Small permet l'expérimentation à Brest de deux solutions de mobilité durable partagée avec le plus grand nombre :

  • Vélo et co  (lire ci-dessous),
  • Streetco, qui permet de signaler les obstacles sur un trajet (incluse dans l’application Bibus).

Aide européenne : 60 % sur 400 000 € de budget, Brest métropole finançant les 40 % restants.

  • Un homme posant dans un bureau
    Carl Bois, consul de Norvège - ©Franck Betermin
  • Une femme posant dans un hall
    Ronja Nielsen, à la tête de Bag Affair - ©Franck Betermin

Vivre à l’heure européenne

Riche d’une tendre enfance à Stockholm puis d’années à Paris, le Franco-Suédois Carl Bois est installé à Brest depuis 1995. Il y exerce la fonction de consul honoraire de Norvège depuis 2018.

« La Norvège cherchait une personne ayant une bonne connaissance du secteur maritime et du tissu économique breton : deux volets que je maîtrisais bien. C’est ensuite l’ancien consul Loïc Morice qui a porté ma candidature. » Européen convaincu, celui qui travaille également pour la société Quiet oceans, installée à Plouzané, pratique justement l’Europe au quotidien. « Quiet oceans créé des produits novateurs dans le domaine de la préservation des fonds marins. Or qui dit innovation dit, aujourd’hui, fonds européens. C’est aussi grâce à eux que la société se développe, et qu’elle génère des emplois sur le territoire. »
À Brest, Carl Bois a donc réussi à mêler deux de ses passions : représenter et accompagner les ressortissants scandinaves sur un territoire allant de la Bretagne à la Vendée, et œuvrer dans les technologies marines. « Pour la Norvège, installer un consul à Brest était un choix évident : elle possède l’une des plus grandes flottes maritimes du monde et considère la métropole brestoise comme le principal pôle français en la matière. »

Tous les jeudis matin, le marché du quartier de Bellevue se découvre de nouveaux adeptes des mobilités douces. « Depuis que nous tenons une permanence hebdomadaire sur le marché, les demandes explosent. En 2023, nous avions effectué 75 transports à la demande… mais nous en avons enregistré autant sur les trois premiers mois de 2024 », confie Emmanuelle, l’une des coordinatrices du projet Vélo et Co, au sein de l’association Brest à pied et à vélo (Bapav).
Née en 2022, l’initiative vise à promouvoir les mobilités douces tout en luttant contre l’exclusion des personnes âgées et/ou handicapées, en leur proposant des trajets en triporteur, gratuitement. Sollicitée par le projet européen Small, Brest métropole a choisi de proposer Vélo et Co. Résultat : « Le financement obtenu (lire également page 14) a permis de poursuivre l’expérimentation. Un quatrième triporteur a été acquis avec l’appui de la fondation Groupe RATP, et Small permettra d’en acquérir un cinquième », indique Jacqueline Scheidweiler, à la direction des mobilités de Brest métropole.  « Mais nous avons surtout besoin de nouveaux bénévoles pour assurer le service », précise Emmanuelle. À bon entendeur !

« C’est l’Europe qui a guidé ma vie. » Inutile de chercher beaucoup plus loin les convictions de l’Allemande Ronja Nielsen.

La native d’Eckernförde, commune voisine de Kiel, s’est définitivement installée dans la cité du Ponant en 2012, après y avoir passé une première année en 2010, à la faveur du programme Erasmus. Alors étudiante à Brest Business School, la jeune femme est frappée, durant ses transferts aux aéroports, par le manque de sacs à main féminins à la fois beaux et adaptés aux voyageuses d’affaires. Ni une ni deux, elle réfléchit à des sacs qui répondraient à tous ces critères. « Surtout, dit-elle, je voulais un accessoire “mode” qui n’engendrerait pas toute la pollution que génère l’industrie de la mode. »

En 2017, la marque Bag affair est enfin lancée, riche de modèles à base de produits entièrement naturels issus de toute l’Europe, et notamment d’un mélange unique de lin et de liège, aujourd’hui breveté par Ronja Nielsen. Le liège vient du Portugal, le lin de Normandie, les sacs sont cousus à Saint-Malo, après avoir été entièrement pensés à Brest par une jeune femme allemande… qui était, il y a peu, à Tallin, en Estonie, pour ses affaires, et qui enseigne également, depuis, à Brest Business School. « Voilà, conclut-elle : c’est bien l’Europe qui m’a permis de créer tout ça si “facilement”. »

Des Rues de l’emploi qui mettent en relation entreprises et habitants au cœur des quartiers prioritaires. Des clauses d’insertion sociale, qui permettent à des habitants de Brest métropole de trouver des contrats de travail sur les grands chantiers du territoire. Des chantiers d’insertion qui offrent à des personnes en quête de qualification une première chance pour reprendre la route de l’employabilité. Des entreprises en mal de main-d’œuvre, qui sont acculturées à la plus-value d’un emploi en insertion… « Oui, l’Europe facilite l’insertion par l’emploi, dans les quartiers et ailleurs ! », sourit Hélène Le Bihan, directrice de Défis emploi pays de Brest, outil majeur de Brest métropole en matière d’insertion dans l’emploi des personnes qui en sont très éloignées.

En 2023, quelque 14 000 heures de travail dans le cadre de la clause d’insertion ont ainsi été mises en œuvre, autour des travaux de réhabilitation en cours dans les quartiers de Bellevue, Recouvrance et Quéliverzan. Grâce au plan de relance européen post Covid, des actions de repérage des publics en capacité de se remobiliser vers l’emploi ont aussi été mises en place dans différents accueils de jour à Brest, quand des forums sur les métiers en tension, les Places de l’emploi, avaient aidé à mettre en relation des entreprises en quête de nouveaux salariés et les intéressés. Pour la période 2022-2027, Défis emploi disposera de 8,8 millions d’euros du Fonds social européen pour continuer à distiller sa dynamique de l’insertion par l’emploi sur le bassin de vie de Brest métropole. Alors, décidément oui : l’Europe ça compte !
 

Des jeunes gens qui dansent sur une scène
Le spectacle Ressac a bénéficié du programme Sea UE qui met en relation des universités européennes. - ©Jakes Balcon - Pluie d'images Capab

L'université à l'heure européenne

Le programme est moins connu qu’Erasmus, mais ce qu’il vise à mettre en place pourrait bien changer durablement la réalité des étudiants européens, dont celles et ceux qui étudient à Brest.

Sea UE, alliance de 11 universités européennes, dont celle de Brest, travaille depuis 2019 à transformer les universités de l’intérieur, pour fonder un campus européen bien concret. «Les universités sont basées dans des villes littorales de même taille, ce qui facilite les échanges et les coopérations», souligne Delphine Dall, en charge de la coordination à l’UBO de Brest.
Dans les faits, Sea UE permet déjà de faciliter les « parcours conjoints » entre universités membres de l’Alliance, « qui visent à passer à la vitesse supérieure, vers la reconnaissance de futurs diplômes européens ».

Des cours en ligne communs

Concrètement, des enseignants de l’alliance ouvrent ainsi déjà leurs cours en ligne aux étudiants des autres universités, tandis que des chercheurs bénéficient de séjours d’échange avec leurs pairs. D’autres étudiants peuvent aussi trouver des stages dans les laboratoires des universités membres, et d’autres encore participer à des projets communs, comme ce fut le cas récemment avec le spectacle chorégraphique Ressac (photo ci-dessus), qui a vu danser une trentaine d’étudiants des différentes universités aux Capucins.

Enfin, parce que Sea UE est aussi là pour faire infuser les valeurs de l’Europe chez les jeunes, une unité d’enseignement dédiée est mise en place sur toutes les premières années de licence de l’UBO, contribuant ainsi à forger les étudiants européens de demain.

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