Brest dans l'oreillette, le podcast des patrimoines d'ici
Bienvenue dans notre série de podcasts "Brest dans l'oreillette" ! Nous vous invitons à explorer
les trésors des patrimoines de la ville de manière ludique. A travers des témoignages, vous (re)découvrirez les pépites de notre bien commun. Anecdotes, faits historiques, souvenirs... Brest dans l'oreillette nous donne à voir la ville sous un autre angle. Bonne écoute !
Labélisée Ville d'art et d'histoire
Labélisée Ville d'art et d'histoire, la ville de Brest est riche de patrimoines matériels et immatériels. Elle les valorise tout au long de l'année à travers de nombreuses animations : visites, balades, brochures, expositions, journées du patrimoine... La série de podcasts vient compléter ces propositions de manière vivante, sensible et inédite !
Des podcasts pour regarder différemment
Les podcasts Brest dans l'oreillette mettent en lumière des éléments emblématiques de la ville - bâtiments, lieux, légendes urbaines - en les faisant vivre à travers la parole de celles et ceux qui les connaissent le mieux. Le tout avec un petit pas de côté pour surprendre et montrer ce qui rend Brest si attachante.
À travers des rencontres passionnantes avec des experts du patrimoine, des personnalités culturelles, des associations dynamiques et des entrepreneurs visionnaires, nous vous proposons de découvrir Brest sous un autre angle. Laissez-vous surprendre, émouvoir et inspirer par celles et ceux qui écrivent l'histoire de notre ville.
Découvrez Brest comme vous ne l'avez jamais entendue et n'hésitez pas à partager !
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Transcriptions textuelles
Orateur #0
Brest, Brest,
Orateur #1
Brest,
Orateur #2
Brest dans l'oreillette.
Orateur #1
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest. Brest, ce n'est pas vraiment une ville qui cherche à ressembler aux autres. La raconter, c'est dire sa singularité, son architecture, son port, ses vues mères, ses lumières, ses métamorphoses aussi, son esprit, toujours libre, et ses habitants et habitantes, bien sûr. Brest dans l'oreillette, ce sera tout cela à la fois. Dans ce nouveau podcast que lance la ville de Brest, vous entendrez des anecdotes méconnues,
Orateur #0
A partir de la deuxième moitié du 19e siècle, il y a une réglementation qui a rendu obligatoire au personnel carcéral de loger dans la prison.
Orateur #1
Des souvenirs étonnants.
Orateur #3
Il y a quelque chose qui ne loupe jamais, c'est quand on décharge le matériel et qu'ils arrivent et que tout est installé, ils sortent le portable, ils prennent une photo, une vidéo, et ils sont « waouh, mais c'est quoi ce délire ? » .
Orateur #1
Nous vous emmènerons dans des lieux encore secrets.
Orateur #4
On va aller voir juste au-dessus, en faisant bien attention.
Orateur #1
Et des endroits incontournables.
Orateur #5
C'est un bâtiment absolument emblématique de la reconstruction et un bâtiment très fort dans cette ville, en fait, qui mériterait sans doute plus d'amour de la part des Brestois et des Brestoises.
Orateur #1
Nous inviterons des passionnés et même des invités surprises. Tous les 15 jours, nous vous proposerons de vous révéler les dessous de l'art et des patrimoines de Brest. Nous parlerons du passé, mais aussi de l'avenir, car Brest est une ville qui n'a pas fini de se réinventer. Alors, vous êtes prêts ? Rendez-vous le 2 avril pour le premier épisode de Brest dans l'oreillette.
Claire Tracou
Les visiteurs qui pénètrent dans le lieu aujourd'hui sont très intrigués, c'est un lieu plein de mystères. Et donc il y a une très grande envie de découvrir cet espace qu'on voit depuis toute la ville, mais que très peu de personnes ont eu l'occasion de voir de l'intérieur.
Marion Watras
Brest dans l'oreillette. Le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.
Franck Jaclin
Moi j'ai été d'abord ému par l'esthétique du bâtiment. La première fois que je l'ai vu, c'était de l'extérieur. Et j'ai posé la question, c'est quoi ce grand bâtiment vide qui paraît complètement en ruine et qui est si magnifique ? Et on m'avait expliqué que c'était la prison de Pontaniou.
Marion Watras
Pontaniou, un nom que les Brestoises et les Brestois connaissent. Celui d'un quartier d'abord, à Recouvrance, sur la rive droite de la Penfeld, tout près de la rue de Saint-Malo et des ateliers des Capucins. Mais Pontaniou, c'est surtout le nom d'une ancienne prison. Construite en 1811, elle a d'abord été prison maritime. Tous ceux qui avaient commis un crime ou un délit sur le périmètre de l'arsenal, qu'ils soient militaires ou non. Elle deviendra prison civile après la Seconde guerre mondiale, avant de fermer définitivement ses portes en 1990. Un lieu chargé d'un lourd passé donc, qui s'apprête à ouvrir une nouvelle page de son histoire. C'est là, derrière ces portes longtemps fermées et bientôt ouvertes à tous, que nous vous emmenons pour ce premier épisode de Brest dans l'oreillette.
Claire Tracou
Les choses qui marquent, c'est déjà le grand mur d'enceinte qui entoure la parcelle de la prison de Pontaniou, qui est dans la continuité du bâtiment au lion.
Marion Watras
Claire Tracou, du service musée patrimoine de la ville de Brest.
Claire Tracou
Et puis quand on rentre, cette prison, c'est vraiment un bâtiment monumental qui s'étend sur cinq niveaux. Et qui a gardé des éléments architecturaux de sa fondation, donc début 19e siècle. C'est une période où on souhaitait adapter l'architecture des bâtiments à leur fonction. Une prison, il fallait donc qu'elle en impose, qu'elle ressemble à une prison et qu'on y sente vraiment le poids de la justice. Comment le faire apparaître ? Avec ces très grands verrous disproportionnés, des portes en bois épais qui font... Ce bruit aussi, très marquant. Là, on a tout de suite vraiment cette impression d'enfermement qui marque le visiteur et surtout les détenus, bien sûr, qui intégraient cette prison. La prison de Pontaniou, elle a été prison politique au moment de l'occupation. Les Allemands y ont enfermé des résistants. Donc c'est vraiment un espace mémoriel très fort de la prison qui sera portée de tous sur le site.
Marion Watras
Nous montons au premier étage et faisons une pause à mi-chemin pour admirer la vue à travers les grilles.
Claire Tracou
De la prison, on voit vraiment tout le secteur de Pontaniou et cette vue sur la Penfeld et toute l'activité qu'il y a autour liée au port militaire. Toutes les cellules qui sont orientées de ce côté-là, rue de Pontaniou. Et effectivement, on voit cette vue sur le port. C'est bien qu'un prisonnier nous racontait qu'il a été un moment changé de cellule et placé de l'autre côté. Et ça a été pour lui une forme de torture psychologique de ne plus avoir accès à cette vision. Donc effectivement, ça offre un sacré panorama qui pouvait être précieux. On a ici une pièce dite administrative. C'était un des logements du personnel carcéral. A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, il y a une réglementation qui a rendu obligatoire au personnel carcéral de loger dans la prison. On s'est rencontré une habitante, par exemple, qui me disait qu'elle venait régulièrement à la prison pour prendre visite à une de ses amies qui était au troisième étage et qui logeait ici avec son mari qui, lui, était gardien de la prison. La prison de Pontaniou, dans son aménagement du début du XIXe siècle, a très mal vieilli. Elle a été très vite rétrograde. Ici, le chauffage est arrivé en 1973. La prison a fermé à peine 17 ans plus tard.
Marion Watras
1990. La prison de Pontaniou voit ses derniers détenus partir. Mais l'imposant bâtiment n'a pas dit son dernier mot. Un nouvel avenir s'offre désormais à lui.
Franck Jaclin
Je vais voir juste au-dessus en faisant bien attention. On va dire qu'on a été enceint. À chaque niveau, on va faire un élément mémoriel en fait, pour expliquer.
Marion Watras
Franck Jaclin, lauréat de l'appel à projet pour la reconversion de Pontaniou.
Franck Jaclin
On sait que l'histoire est douloureuse de ce lieu, mais il faut aussi l'inscrire dans le XXIe siècle. Donc l'idée, c'est de faire un lieu qui puisse être un lieu collectif, un lieu de vie. Donc à chaque niveau, l'idée, c'est qu'il y ait des activités différentes. Au rez-de-chaussée, il est prévu qu'il y ait une crèche, qu'il y ait un atelier de vélo qui fonctionnera en insertion, qu'il y ait un espace d'exposition d'art moderne avec passerelle, une guinguette, et puis l'étage où nous sommes, c'est destiné à être un étage d'animation. C'est là où il va y avoir des escape games, des enquêtes policières, des murder parties. L'étage au-dessus, l'idée c'est de créer un gîte d'étapes, et l'étage au-dessus, c'est destiné à être un bar avec une grande loggia, c'est-à-dire la possibilité qu'on ait tout le panorama ouvert, mais à couvert. Et puis l'étage au-dessus, c'est plutôt un restaurant panoramique. Et moi, ce que je souhaite, c'est que le bâtiment soit ouvert à tout le monde. Si on veut se promener, découvrir le lieu, voir la vue, profiter de la loggia panoramique, on pourra le faire. L'idée, c'est que dès le départ, les Brestois qui le souhaitent puissent voir le site et qu'on puisse partager le projet.
Marion Watras
C'était Brest dans l'oreillette, un podcast de la ville de Brest. Réalisation, Marion Watras.
Marion Watras
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest. Êtes-vous prêt pour une petite séance de natation ? Aujourd'hui, on enfile le maillot et on plonge dans les secrets de la piscine Foch.
Maël Kerguillec
La piscine est souvent décriée. On dit oui, c'est un bloc de béton, c'est dépréciatif. Mais par contre, si on... On regarde le bâtiment avec un peu les yeux de l'amour. Comme on regarderait Brest d'ailleurs, on s'aperçoit qu'il est à la fois très bien dessiné, intelligemment conçu et qui dévoile un charme certain à qui veut le voir. On n'est pas dans la première reconstruction brestoise où on paraît au plus pressé. Là c'est un bâtiment qui a été construit entre 1963 et 1966, où on s'est donné les moyens. On a pris le temps de bien faire.
Marion Watras
Ce bâtiment sur lequel on ne pose pas toujours le regard qu'il mérite est remarquable à plus d'un titre. Il est l'œuvre d'un acteur majeur de la reconstruction de Brest, Albert Cortellari. Outre la piscine Foch, la ville doit à cet architecte d'origine italienne de nombreux immeubles d'habitation ou encore la médiathèque Europe à Pontanezen.
Maël Kerguillec
Tout est dessiné. Cortellari était connu pour la finesse de son trait de plume. On a une qualité, un soin du détail. C'est un bâtiment qui est connu dans les écoles d'architecture.
Marion Watras
Maël Kerguillec, technicien des bâtiments de France.
Maël Kerguillec
Moi, je suis un usager des piscines, qui sont quand même, quelques fois, pour les piscines modernes, ou celles d'après le plan des piscines, des bâtiments qu'on pourrait qualifier presque de jetables. Pas forcément avec une grande recherche architecturale. Ici, on a vraiment allié l'usage, le programme, deux bassins, mille baigneurs, temps de cabine, etc. avec une volonté de faire œuvre. On est sur un bâtiment d'ampleur qui ne peut pas laisser indifférent.
Marion Watras
L'une des originalités de la piscine Foch, sa forme, qui rend hommage à la ville de Brest et à son arsenal.
Maël Kerguillec
C'est un bâtiment en béton, il en impose, il y a un petit côté brutal. C'est un bâtiment qui, quand on le regarde, notamment avec ses membrures extérieures, puisque sa charpente est apparente, on a des poteaux en V qui supportent tout le volume pour dégager l'espace central et mettre les bassins. C'est un bâtiment qui est conçu comme un bateau en forme de radoub. Et les poteaux étant les supports, les teints du bâtiment qui est à la carène. Ça permet de dégager l'espace central. On est sur un espace de halles. On a besoin de deux bassins, c'était le programme. Un grand, un petit, 25 mètres, 10 mètres. Donc il fallait qu'on ait l'espace central sans poteau, etc.
Marion Watras
La prochaine fois que vous irez faire quelques brasses à la piscine Foch, prenez donc le temps de vous arrêter pour regarder les hublots qui ponctuent les parois immergées du grand bassin. Rassurez-vous, ils ne donnent pas sur l'extérieur mais sur les coursives techniques car ici et c'est une spécificité, les bassins sont suspendus, ce qui a pour vertu de faciliter l'entretien.
Maël Kerguillec
Quand on circule dans les coursives intérieures, dans le cœur du bâtiment, on passe sous les bassins et tous les tuyaux sont accessibles. On est sur vraiment une double face. Il y a tout un monde qu'on ne devine pas. Il y a l'usage du baigneur, du brestois, et il y a également l'œil qu'on peut voir quand on visite la coque interne du bâtiment. On a un bâtiment qui est vraiment double poste.
Marion Watras
Un bâtiment remarquable, événement remarquable. Si la grande majorité des Brestois vient à la piscine Foch pour nager, trois soirs par an, les amateurs de musiques actuelles, eux, font la fête au fond des bassins vides. Depuis 2018, en effet, en février, durant la vidange annuelle obligatoire, le festival Le Grand Bain transforme les lieux en salles de concerts éphémères. Une idée plus qu'originale qui a germé dans la tête d'Emmanuel Richard, président de l'association Acoustic Attaque.
Emmanuel Richard
Les gens se sentent privilégiés d'être dans un lieu comme ça. Ils sont aussi très respectueux. On n'a pas de gens qui en profitent pour faire n'importe quoi. Je pense qu'ils sont un peu impressionnés aussi d'être dans ce gros monument brestois et donc il y a une atmosphère qui est vraiment bonne enfant.
Marion Watras
Et les musiciens aussi, ça doit être pour eux une expérience unique ?
Emmanuel Richard
Ah bah ouais, ça c'est sûr. Moi je m'occupe de la programmation et au moment... de discuter avec les musiciens ou leurs producteurs ou leurs tourneurs quand je leur envoie les photos et les vidéos de ce qu'on a fait l'année précédente c'est quand même un gros plus pour pouvoir faire venir les artistes ici et quand ils sont là il y a quelque chose qui ne loupe jamais c'est quand on décharge le matériel et qu'ils arrivent et que tout est installé ils sortent le portable ils prennent une photo une vidéo et ils sont wow mais c'est quoi ce délire quoi et puis ce qui fait vraiment aussi la force visuelle du rendez-vous c'est la mise en lumière de l'équipement c'est justement cette ambiance très tamisée avec des projos partout, avec une boule à facettes qui est accrochée sous le plongeoir. Donc oui, les gens viennent pour ça aussi, ils viennent pour cet effet waouh.
Marion Watras
C'était Brest dans l'oreillette, un podcast de la ville de Brest. Réalisation Marion Watras.
Marion Watras
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.
Jacques Quilien
J'ai toujours l'émotion quand je viens ici. Et ça s'explique puisque j'ai commencé ma carrière quand j'avais 14 ans en rentrant aux Arpètes.
Gérard Cabon
Ma grand-mère au marché des quatre moulins, elle disait mon petit-fils, est rentré à l'Arsenal, c'était le jour de gloire. Voilà, celui-là est casé.
Jacques Quilien
Il y avait vraiment un aspect solidaire à l'Arsenal, c'était incroyable.
Marion Watras
Imaginez trois grandes nefs de 150 mètres de long accrochées sur le bord d'un plateau qui fut jadis un haut lieu de la construction navale, fréquenté par plus de 1000 ouvriers. Nous sommes aux ateliers des Capucins. Transformé depuis 2016 en un espace public unique, le site demeure chargé de l'histoire industrielle de la ville et de la mémoire ouvrière de celles et ceux qui y ont travaillé.
Gérard Cabon
Gérard Cabon, ancien de l'Arsenal. Puisqu'on est aux Capucins, je peux dire que je suis arrivé ici à 18 ans, en 1966. Et que j'y ai passé 15 ans, en tant que tourneur, puis après technicien. C'est un atelier qui a été créé en 1840, quand l'Arsenal passait de marine à bois à marine métal. Et en même temps, on invente l'hélice, on invente la propulsion en vapeur, donc on fait des machines, il faut des chaufferies sur les bateaux, donc il faut faire beaucoup de tuyaux, il faut beaucoup de tises mécaniques. On avait besoin d'espace, il n'y en avait pas sur les quais de l'Arsenal, et puis ils ont trouvé ce lieu où il y avait un monastère, d'où le nom Capucin, puis une école de canonnerie, avec la forge qui n'est pas montée aux Capucins, qui est restée sur le bord du quai au fond, parce qu'on a travaillé avec beaucoup de chocs, que c'est creux sous les capucins. On serait passé à travers donc la forge est restée en bas. Au niveau ambiance, on rentre par la porte principale, on arrive à la fonderie, puis de l'autre côté, on appelait ça un peu les catacombes, nous c'était la série des fours, donc une ambiance avec des murs noirs, la fumée, c'était magique, moi j'adorais quand il y avait des coulées à la fonderie, aller voir le spectacle, parce que c'était un spectacle. Donc ça c'est la première épreuve. Après on rentrait à la machine ici aussi, il y avait 220 machines-outils. Contrairement à l'idée des gens, il n'y a pas de choc donc ça tape pas, on n'est pas dans une tôlerie ni dans une chaudronnerie, on a un bruit de fond lancinant de machines qui tournent, donc une odeur d'huile de coupe, parce que pour que le métal refroidisse on met de l'huile sur le métal qui chauffe, donc c'est toujours l'odeur un peu, quand ça passe ici, l'huile de coupe, et puis on franchit le mur et puis on arrive à la chaudronnerie, là par contre on entend du bruit. C'est glacial en hiver. Et puis le travail, en plus, est très statique. On est devant une machine-outil, on est dans un mètre carré, on ne bouge pas. Et en été, c'est un four.
Marion Watras
Un peu plus haut, sur le plateau, à quelques pas des ateliers, l'école des Arpètes formait les apprentis de l'arsenal. Comme Gérard Cabon, Jacques Quilien est entré par cette voie prestigieuse avant de devenir charpentier taulier.
Jacques Quilien
Ça formait l'aristocratie ouvrière, on va dire. Je plaisante, mais disons que dans ma classe, à l'école Saint-Sauveur, à Recouvrance, pratiquement tous les élèves de la classe préparaient l'entrée du concours à l'Arsenal. C'était un concours. Et donc tous les ans, il y avait une centaine de sélectionnés pour entrer aux arpètes. C'est comme ça qu'on l'appelait. Une école d'apprentissage de très bonne gamme qui formait au bout de trois ans. Il y avait une sélection qui était faite, les meilleurs allaient à l'école d'ingénieurs et les autres allaient sur le tas. Et quand ils allaient sur le tas, ils étaient considérés déjà comme des bons ouvriers qui allaient faire une bonne carrière de professionnels.
Marion Watras
Outre les Arpètes, Gérard Cabon et Jacques Killian ont en commun d'avoir été délégués syndicaux. Ils ont mené ensemble... de nombreuses luttes, des combats, qui sont nés autour du marbre, l'une des six pièces conservées et toujours visibles au Capucin.
Gérard Cabon
Le marbre était d'abord capital au niveau industriel, parce que pratiquement tous les gros usinages passaient sur le marbre avant d'aller sur les machines, donc c'était important. Et puis il avait une deuxième fonction qui était aussi celle de podium, on dirait, pour les prises de parole syndicales. Lors des manifs et grèves, c'était le lieu, le rassemblement, on remarque, dès qu'il y avait des conflits sociaux, et Dieu sait s'il y en a eu. De 1966, mon arrivée ici, jusqu'en 1990, où j'étais permanent syndical, j'ai fini. Je n'avais jamais connu une année sans grève. Jamais.
Marion Watras
Les syndicats ont obtenu, petit à petit, que les conditions de travail s'améliorent. L'arrivée des femmes aux ateliers a également marqué une étape importante.
Gérard Cabon
En 1979, les premières filles arrivent. Et on se pose la question, il n'y a pas de sanitaire dans les ateliers. Je parle souvent de ça, de la fameuse pagode qui est accrochée à la falaise, avec quand même, jusqu'aux années 80, des sanitaires avec une demi-porte sans verrou pour les ouvriers et une porte entière pour les chefs. Et l'arrivée des femmes va faire quand même qu'on va se pencher sur la question et puis commencer à améliorer globalement le sanitaire et l'hygiène de tout ce beau monde. Ici, je me rappelle moi, pas de m'engueuler, mais... Les mecs, les gonzesses, n'y arriveront jamais. Je me rappelle que l'argument que j'avais, c'était la Défense nationale en France, pendant la guerre de 14-18, avait employé 600 000 femmes qui travaillaient dans des conditions, à l'époque c'était une soixantaine d'heures par semaine, dans des conditions qui étaient bien plus difficiles que les années 79.
Marion Watras
Durant des décennies, au 19e puis au 20e siècle, de nombreux navires, parmi les plus prestigieux, ont été construits et équipés aux ateliers des Capucins. Cuirassé Richelieu, porte-avions Charles-de-Gaulle, porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc, une fierté pour les ouvriers et les ouvrières. À cette époque, l'arsenal de Brest formait un petit monde à lui seul.
Jacques Quilien
On avait notre service de restauration, 4000 repas par jour qui étaient servis dans ce qu'on appelait les Gueules d'or. Et puis on avait notre service de médecine. Quand même, à l'arsenal, c'était une ville dans la ville.
Marion Watras
À chaque univers son jargon. Le parler de l'Arsenal, particulièrement riche, colore aujourd'hui encore les conversations des anciens. Il a même inspiré à Gérard Cabon un livre.
Gérard Cabon
Moi j'ai écrit l'ABCdaire du Parler de l'Arsenal de Brest, parce que c'est vrai, c'était vraiment un langage imagé. Quand j'ai rencontré ma femme, un jour je lui ai dit « je ne pourrais pas, je suis passé à l'ambulance, je suis en exemption ». Et là, elle reste me regarder, et puis ma femme est de Quimper. L'ambulance, c'est la médecine du travail, en exemption, c'est un arrêt de travail. Mais en Brestois, exempté de service, mais exemption. Donc il y a plein de expressions. L'ingénieur arrive à bord d'un bateau, il regarde les mecs qui bossent, il demande alors les gars, ça avance le boulot ? Mieux que le plan. C'est vraiment la revanche de l'exécutant sur le concepteur. Et c'est lapidaire.
Marion Watras
C'était Brest dans l'oreillette. Un podcast de la ville de Brest réalisé par Marion Watras. Dans le prochain épisode nous restons aux Capucins pour évoquer le nouveau chapitre qui s'est ouvert en 2016, la transformation des ateliers.
Marion Watras
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.
Orateur #1
Dès qu'on a des amis qui viennent, on va aux Capucins, on leur montre les lieux, parce que c'est un peu étonnant, on ne voit pas ça partout, c'est unique.
Orateur #2
C'est convivial, c'est familial, il y a toujours des enfants, c'est quand même un lieu très agréable.
Orateur #3
Je connais du monde à Brest quand même. Je crois que je n'entends personne dire du mal des Capucins.
Marion Watras
Dans l'épisode précédent de Brest dans l'oreillette, nous avions rencontré, aux ateliers des Capucins, deux anciens ouvriers de l'arsenal pour parler de la mémoire industrielle des lieux. Nous les retrouvons aujourd'hui pour introduire la suite de l'histoire, la reconversion du site en un vaste espace public couvert, ouvert à toutes et tous, tous les jours de l'année. Ce nouveau chapitre a commencé à s'écrire dans les années 2000, quelques temps avant l'arrêt définitif des activités de la marine sur le plateau. Jacques Quillien se souvient, il était alors adjoint au maire en charge de la rive droite.
Jacques Quilien
On nous avait demandé, à chaque élu, d'écrire comment on voyait l'avenir des Capucins. Je regrette beaucoup de ne pas avoir gardé ce que j'avais écrit à l'époque, un lieu de vie qui respecte la mémoire. On sent qu'on n'est pas dans un lieu qui n'a pas d'âme. Et puis, à l'intérieur, un lieu vivant, un lieu où tout le monde puisse s'y retrouver, se trouver bien, qu'on soit jeune, vieux, riche ou pauvre.
Marion Watras
En 2004, la métropole de Brest lance une consultation auprès de plusieurs cabinets d'architectes. C'est la proposition de Bruno Fortier qui est retenue. Projet élaboré avec le cabinet brestois L'Atelier de L'île, son fondateur Marc Quelen nous raconte.
Marc Quelen
La caractéristique principale des ateliers, ce sont ses dimensions. Et Bruno Fortier voulait absolument, et à juste titre je pense, garder la grande dimension. Donc des lumières qui arrivent de part et d'autre, parce qu'on aurait pu aussi imaginer remplir beaucoup plus. Mais finalement ce grand choix, ça a été de travailler sur deux axes principaux. L'axe des grandes nefs de pierre et un grand espace aussi en mezzanine qui amène jusqu'à l'autre côté vers la Penfeld. Donc on a un croisement très simple de deux axes principaux qui donnent tout fonctionnement finalement des ateliers.
Orateur #0
Un parti pris qui donne aujourd'hui aux ateliers, vaste espace de 160 mètres de long sous 15 mètres de haut, de petits aires de cathédrale.
Marc Quelen
Garder la structure des ateliers elle-même renvoie à l'histoire du site. On a ces grands murs en pierre avec des encadrements de granit. C'est le même granit qui a été utilisé pour toutes les formes de radoub de Brest. Et puis ces structures en métal, caractéristiques des grandes halles industrielles, on est dans l'espace, on voit les ponts roulants, un certain nombre de machines-outils aussi qui évoquent bien sûr l'histoire des ateliers.
Marion Watras
Créabilité, débarrassé du mur en pierre qui l'entourait, le site ouvre en 2016. Relié au centre-ville par le tram, puis par le téléphérique, le plateau des Capucins devient très vite le nouveau lieu de vie d'un grand nombre de Brestoises et de Brestois. Chacun s'approprie l'espace selon ses envies. On y vient pour emprunter un livre à la médiathèque, admirer le canot de l'Empereur et même découvrir les ressources insoupçonnées de l'océan en visitant le musée 70.8. On peut aussi y faire du skate, du roller, danser, travailler ou tout simplement se retrouver, en famille ou entre amis, installés à une table en bois. Rozen par exemple fréquente les capucins. Tous les mercredis.
Rozen
J'ai donné rendez-vous pour mon association qui s'appelle Viet Brest. Et donc tous nos étudiants en doctorat qui arrivent sur Brest, d'origine vietnamienne, viennent avec nous le mercredi après-midi.
Marion Watras
Et qu'est-ce que vous y faites avec eux ici ?
Rozen
Du français, du bavardage, de l'aide quand ils en ont besoin. Et les enfants peuvent jouer, comme ça on les surveille.
Marion Watras
Un peu plus loin, un père et sa fille viennent tout juste de chausser les rollers.
Enfant
Je fais du roller, de la trottinette et si tout lisse, ça glisse.
Papa de l'enfant
On aime beaucoup venir ici parce que là où on est dans les monts d'Arrée, c'est un peu compliqué pour faire du roller. Dès qu'on a l'occasion de pouvoir venir à Brest pour un rendez-vous quelconque ou se promener, on profite de venir faire du roller aux Capucins.
Marion Watras
À l'étage, passage des Arpètes, du nom des anciens apprentis de l'arsenal, c'est le paradis des amateurs de breakdance. Saïdina est en plein entraînement.
Saïdina
Depuis que les Capucins ont ouvert, c'est là qu'on vient. Avant c'était tous les week-ends, maintenant c'est un peu tous les jours. Tout le monde amène sa musique autant qu'on veut. Le dimanche, il y a de la musique un peu partout. On n'entend plus rien. Quand il y a des familles avec des enfants qui regardent, je me mets à la place des enfants. Du coup, je me mets à danser plus quand ils regardent. C'est marrant.
Marion Watras
Depuis son ouverture, le site a accueilli plus de 10 millions de visiteurs. De quoi rendre fiers celles et ceux qui ont œuvré à la reconversion des Capucins.
Marc Quelen
Il y a un mélange des genres. C'est la grande cour de récré. Il y a des jours très denses où il y a beaucoup. beaucoup de gens, mais finalement, il y a toutes les générations qui viennent, les grands-parents qui viennent avec les petits-enfants et leurs trottinettes, et ça, je trouve ça assez superbe. Des jeunes qui font du hip-hop, les gens cohabitent et puis se respectent les uns les autres.
Marion Watras
C'était Brest dans l'oreillette, un podcast de la ville de Brest.
Réalisation Marion Watras.
Fruits d'une consultation publique, les noms des stations de la deuxième ligne de tramway et du bus à haut niveau de service racontent des histoires d'ici. Cet épisode vous invite à remonter le temps, dans Les Baraques d'après-guerre, auprès des trois châtaigniers de Kerichen ou encore sur les Glacis, sans oublier de rendre hommage aux résistantes et résistants brestois.
Marion Watras
Brest dans l'oreillette, le podcast qui révèle les dessous de l'art et des patrimoines de Brest.
Christine Berthou-Ballot
C'est vrai que c'est un choix qu'on fait pour longtemps, puisque c'est ancré dans les habitudes de déplacement des gens, puisqu'on se repère aussi grâce à ces stations. Donc c'est un choix qui n'est pas anodin, effectivement.
Bienvenue à bord du tramway. Notre départ est imminent. Merci de ne pas gêner la fermeture des portes.
Marion Watras
En deux mille vingt-six à Brest, quand seront mises en service la deuxième ligne de tramway et le bus à haut niveau de service, vingt-trois nouvelles stations verront le jour. Elles ne sont pas encore visibles dans le paysage urbain, mais elles ont déjà un nom, fruit d'un choix collectif. D'abord, un panel de volontaires a travaillé à des propositions, puis les habitants et habitantes ont voté massivement centre soixante-seize mille trois cent soixante-et-un clics comptabilisés. Les choix sont désormais arrêtés, mais que signifient ces noms ? En quoi sont-ils une manière de s'approprier l'histoire des lieux ? Dans cet épisode, nous nous attardons sur quelques-uns d'entre eux, avec Chantal Rio, responsable des archives de Brest Métropole, et Christine Berthou Ballot, cheffe de projet Ville d'art et d'histoire.
Christine Berthou-Ballot
J'avais eu l'occasion de faire les recherches iconographiques pour le premier livret qui avait été publié au moment de la première ligne de tram. Et c'est vrai que c'était plutôt des noms géographiques qui étaient sortis, sur lesquels les gens avaient voté, massivement aussi comme cette fois. Et là, on voit bien qu'il y a des noms de personnes qui émergent. Ça fait vraiment partie des surprises agréables de ce travail pour arriver à une sélection de noms.
Chantal Rio
Une des particularités, c'est qu'on a eu pas mal de noms de résistants et de résistantes qui ont été proposés. Ce qui est assez logique parce que c'est le 80e anniversaire de la Libération et ils ont été retenus.
Marion Watras
Parmi ces choix forts de rendre hommage à des Brestois et Brestoises qui se sont engagés durant la Seconde Guerre mondiale, Mathieu Donnart, personnage clé de la résistance brestoise. Responsable départemental de l'armée secrète, connu sous l'alias Colonel Le Poussin, il aura un destin tragique puisqu'il sera torturé puis fusillé en juillet 1944. Autre nom retenu, celui de Marie Miry ou encore de Jeanne Hébert.
Chantal Rio
C'est une femme qui est née à Lambézellec, c'est pour ça qu'elle a été retenue aussi. Elle a travaillé au sein du bureau municipal de ravitaillement et elle s'est servie de son travail vraiment pour aider la résistance puisqu'elle a fourni des cartes de ravitaillement, d'alimentation et des cartes de chaussures au Front de Libération du nord, c'est-à-dire que ça a aidé des prisonniers évadés, des résistants STO, etc. à pouvoir manger. et à se vêtir correctement. C'est vraiment quelqu'un d'important et elle est décédée et enterrée au cimetière de Lambézellec. Mais Marie Myri l'est aussi. Elle aussi, elle est née à Lambézellec, elle vivait là au moment de la guerre. Et dès le départ, elle a fait beaucoup de choses Marie. Elle a organisé des manifestations de femmes, il fallait le faire à l'époque pour résister par rapport aux Allemands, contre le STO, contre les problèmes de ravitaillement, etc. Elle a hébergé des personnes dans sa maison. Et d'ailleurs, elle a été arrêtée lors d'une action qu'elle menait à Guingamp. Elle est déportée carrément au camp de Ravensbrück. C'est quand même un des camps qui a été très difficile. Elle a eu la chance, heureusement pour elle, d'être sauvée par les Suédois qui l'ont ramenée chez eux par la Croix-Rouge.
Marion Watras
Autre personnalité brestoise qui sera mise à l'honneur sur la future ligne de tram, Yves Le Gallo. Un choix qui n'est pas issu du vote des citoyens, mais qui a été proposé par l'Université de Bretagne Occidentale.
Christine Berthou-Ballot
Yves Le Gallo, c'est un agrégé d'histoire et de géographie. Il va avec trois autres collègues de classe préparatoire jouer un rôle clé dans la création de l'enseignement supérieur à Brest. Il jugeait insuffisant la seule classe de lettres supérieure qu'il y avait au lycée de l'Harteloire. Et donc, il a l'idée, avec ses deux autres collègues, de faire un projet ambitieux qui vise vraiment à faire de Brest une capitale universitaire en Basse-Bretagne, face à Rennes. Donc il convainc la municipalité de Brest de soutenir son initiative. Il va obtenir deux collèges universitaires, un scientifique et un littéraire. Et puis ensuite, il ne s'est pas arrêté là, il a poursuivi son engagement et il a fondé en mille neuf cent soixante-neuf, quasiment dix ans après le Centre de recherche bretonne et celtique, le CRBC, qu'on connaît encore aujourd'hui. Donc voilà, un historien très important.
Marion Watras
Parmi les surprises du vote des habitants, celui du futur parking, actuellement en construction en centre-ville, les glacis a été préféré à Duquenne, l'officier de marine.
Chantal Rio
Les glacis, ce sont des noms qui sont liés à l'enceinte fortifiée de Brest, enceinte fortifiée qui a disparu au moment de la Seconde Guerre mondiale. Mais c'était aussi pour les Brestois et les Brestoises le nom de la place de la liberté, on l'appelait les Glacis. Et alors c'était un espace en fait frontière, un peu mal défini, mais c'était un lieu de rendez-vous déjà, avec des auberges, des estaminets, puis on faisait aussi beaucoup de manifestations sur cette place-là. Alors c'était la Foire Saint-Michel, c'était des cirques, il y a une sorte de continuité historique quand même quand on regarde l'histoire du lieu. Et à la Libération, on y a aussi construit une cité commerciale en baraque pour permettre aux commerçants de continuer leur activité.
Marion Watras
Autre surprise du vote pour Christine Berthoud-Ballot, Kérinou-Vian, qui a finalement obtenu plus de suffrages que Kertatupage.
Christine Berthou-Ballot
Kérinou-Vian, c'est en fait des terres qui appartenaient sous l'Ancien Régime à des seigneurs de Cornouailles. dont un manoir de Kérinou, qui prenait aujourd'hui à la fois l'emprise du lycée, mais aussi de l'autre côté du boulevard et qui descendait quasiment jusqu'à la rue Kervern. Donc c'était un très grand domaine. Alors évidemment, tout ça a été bien mangé par l'urbanisme. Aujourd'hui, en fait, les seuls vestiges qu'on peut voir de ce passé, à la fois d'ancien régime et puis d'agricole, c'est trois grands châtaigniers qui sont au cœur du campus de Kérichen aujourd'hui. Ce qui est aussi intéressant à dire, c'est que les constructions du lycée ont été faites par Jean-Baptiste Mathon, qui était l'architecte en chef de la reconstruction de Brest. Il y a beaucoup de choses historiques qui sortent avec ce nom.
Marion Watras
La future ligne B du tram brestois reliera la gare à l'hôpital de la Cavale Blanche. en traversant notamment Bellevue. Dans ce quartier, c'est Kergoat qui a été retenu plutôt que Fontaine-Kergoat.
Christine Berthou-Ballot
La fontaine en elle-même, c'est une fontaine qui est très peu connue, on la voit à peine, alors que la station, elle est vraiment tout près. Donc les gens y auraient prêté un peu plus attention... Elle est vraiment belle, il faut la regarder, elle évoque la nature. Il y a une foule de choses sur cette fontaine, mais bon, c'est le nom de Kergoat qui a été retenu. On avait choisi le nom du quartier parce qu'il est représentatif vraiment du quartier de Bellevue. Avant la Seconde Guerre, il y avait à peine 10 maisons dans le quartier, c'était vraiment quelques fermes. Et dès la fin de la Seconde Guerre, on cherchait des lieux où mettre des baraques pour loger les habitants, parce que le centre-ville était complètement détruit, donc on a dû les mettre à l'extérieur. Et on a commencé à les mettre à Saint-Pierre et ici, à Bellevue, qui est un des endroits où il y a le plus de baraques, et notamment à Kergoat. C'est le secteur qui a été le premier à être urbanisé dans le quartier de Bellevue, notamment parce que la marine, dès la fin de la guerre, a décidé de faire un grand centre à Brest et donc a décidé de faire venir cinq mille marins, c'était énorme et il fallait bien les loger. C'est toujours ancré dans le quartier.
Marion Watras
Toujours à Bellevue, deux stations avant le terminus de la ligne B, l'arrêt se nommera Le Bergot.
Chanal Rio
Le Bergot, on est sur un autre quartier de Bellevue. La particularité du Bergote, et c'est la raison du deuxième nom qui était proposé, les baraques du Bergot, c'est que c'est une des zones dans lesquelles il y a eu le plus de baraques installées et qui sont restées le plus longtemps. Parce qu'à Kergoat, on le voyait, les baraques ont été retirées assez vite, puisqu'on a commencé à construire les logements dans les années soixante, alors qu'au Bergote, jusqu'en mille neuf cente soixante-quinze, on a conservé des baraques.
Marion Watras
C'était Brest dans l'oreillette, un podcast de la ville de Brest. Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous !