Au chevet des œuvres du musée des Beaux-arts

Publié le 17/10/2025

Depuis quelques semaines, 190 œuvres du musée des Beaux-arts, pour partie infestées par un champignon, font l’objet d’un traitement de haute précision. Elles seront à terme transférées au pôle de conservation qui doit ouvrir en 2029.

Une femme nettoie le revers d'un tableau au musée des Beaux-arts de Brest
Au cœur du musée des Beaux-arts de Brest, des spécialistes se relaient au chevet des oeuvres, en vue d'éradiquer la contamination par des champignons. - ©Elisabeth Jard

Fermé au public depuis le début de l’année, le musée des Beaux-arts de Brest déploie un plan Orsec pour ses œuvres. Placées en quarantaine suite à la détection d’une contamination par des champignons, elles font actuellement l’objet d’un minutieux travail de nettoyage par différentes équipes de restaurateurs.  Un chantier au long cours, qui vise à restaurer l’ensemble des œuvres, avant de les transférer au futur pôle de conservation du musée, dont la mise en service est prévue en 2029. 

Gestion de crise

« En janvier dernier, nos équipes ont détecté des moisissures sur 18 œuvres de la galerie du premier étage. Nous avons aussitôt pris la décision de ne pas rouvrir au public. Si on laissait faire, toute la collection pouvait être atteinte », resitue Sophie Lessard, directrice du musée. 

Aussitôt, une gestion de crise se met en place, pour placer en quarantaine l’ensemble des 190 œuvres exposées au musée, et investiguer sur les champignons incriminés. 

Depuis, derrière les hauts murs de la structure en béton issue de la reconstruction, des déshumidificateurs tournent toute la journée, mais aussi des brasseurs d’air. « Les champignons se développent dans un air chaud et humide. L’enjeu était donc de faire baisser le taux d’humidité ambiant, avant de pouvoir entamer toute action », poursuit-elle. 

Depuis quelques semaines, l’atmosphère intérieure étant revenue à un seuil acceptable, des équipes de restaurateurs et restauratrices se relaient donc au chevet des œuvres, dans la galerie du premier étage. 

Travail d'orfèvre

Toutes les toiles sont inspectées, et font l’objet d’une minutieuse micro-aspiration des spores de champignons, sur l’ensemble des œuvres exposées au musée. Un travail d’orfèvre, mené ces derniers jours par Claire le Goff et Gwenola Corbin, deux restauratrices finistériennes. 
« C’est un travail délicat. Certaines œuvres doivent être désencadrées, pour refixer la couche picturale atteinte, avant d’aspirer. D'autres sont fragiles, parce qu’elles ont déjà subi des traitements, auxquels les moisissures peuvent s’adapter », explique Gwenola Corbin. 
Assistées par plusieurs agents du musée, les deux restauratrices nettoient une dizaine de tableaux chaque jour, et seront bientôt remplacées par d’autres spécialistes, pour les sculptures. 

Cap sur 2029

Objectif : décontaminer l’ensemble de la collection, avant de placer les œuvres dans une « boîte » étanche, pour effectuer une ultime décontamination, en début d’année prochaine. Ensuite, les œuvres seront enfermées dans un environnement clos, afin de les préserver de tout nouveau risque, avant un transfert au pôle de conservation du musée, dont la livraison est prévue pour 2029. 

Chantier au long cours

 Le premier rôle d’un musée est de préserver ses œuvres pour les transmettre aux générations futures. Tout cela nous confirme que le choix de construire un pôle de conservation était le bon, estime Réza Salami, conseiller métropolitain en charge des équipements culturels. 

Le musée, lui, ne réouvrira pas avant longtemps. Sa conception, en béton de l’après-guerre, favorise l’humidité. Il faudra donc procéder à des travaux conséquents pour imaginer le musée de demain, sur ce carré des arts si cher au cœur des Brestois. 

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