Course au large : Brest passe le cap avec l'Arkea Ultim Challenge

Mise à jour le 12/12/2023

Le 7 janvier au matin, une page inédite de l’histoire de la course au large s’ouvrira, depuis Brest. Sur la ligne de départ de l’Arkéa Ultim Challenge Brest, rien de moins qu’une course autour du monde qui pourrait bien pulvériser tous les standards de l’aventure maritime !

Un maxi de la gamme Ultim en rade de Brest, entouré de bateaux
Le 7 janvier, grand départ de l'Arkea Ultim Challenge au départ de Brest ! - ©Mathieu Le Gall

Depuis les premières tentatives de record du tour du monde en équipage ou en solitaire au départ de Brest, du vent est passé dans les voiles de bien des aventuriers. Au total, ils et elles ont ainsi décroché 26 records… le dernier en date à avoir hérité du Graal de la solitaire étant François Gabart en 2017, en 42 jours.

Une paille, au regard du premier marin à s’élancer en solitaire sur les océans du monde depuis Brest : Olivier de Kersauson et son tour du monde en 125 jours 19 heures et 32 minutes, en 1989. Pour tous ces marins d’exception, l’aventure s’était jusque-là tenue entre eux et la mer, en tête à tête ou presque. Mais quand on est marin, le sel de la compétition aura toujours la préférence… 

Et c’est donc de Brest que six d’entre eux s’apprêtent à en découdre avec l’horloge des océans de la planète, pour une course en solitaire encore jamais vue : l’Arkéa Ultim challenge Brest. Au départ, six skippers : Anthony Marchand, Charles Caudrelier, Thomas Coville, Armel Le Cleac’h, Tom Laperche et Eric Péron, et leurs six destriers des mers. 
« C’est la course de tous les superlatifs, avec tout ce qui se fait de mieux dans le domaine, mais en allant un cran plus loin que tout ce que l’on peut connaître à ce jour dans le domaine de la course au large. Cet événement surpassera tous les autres ! », s’enthousiasme Cédric Malengreau, d’Arkéa, partenaire titre de la course.

Joseph Bizard, directeur général d’OC sports Pen Duick, l’organisateur, ne dit pas autre chose : « Nous sommes là sur le format le plus ambitieux de la course au large : un tour du monde en solitaire passant par les trois caps. Il va y avoir une saveur particulière à cette course pionnière, une dimension mythique, avec une prise de risques et un engagement majeur des marins ! ». 
 

Une évidence

Dans les têtes depuis 20 ans, cette course autour du monde en solitaire au départ de Brest dispose en effet de tous les atouts pour faire parler… et faire rêver. Les Ultims sont à ce jour les multicoques de course les plus rapides au monde. Leur système de foils, qui leur permet de voler sur les océans, en fait de redoutables machines de course, atteignant les 30 à 40 nœuds, soit l’équivalent de quelque 80 kilomètres à l’heure.

Autant dire que la compétition qui va s’ouvrir promet de spectaculaires performances… et va exiger de la tactique et de la technique, comme un physique et un mental d’acier. « Ils vont devoir trouver le bon curseur entre aller vite et dormir un peu. Ils seront sur la corde raide tout le temps de la course… et un tour du monde, c’est long ! », rappelle Bernard Stamm

Le marin brestois, qui a vécu le Jules Verne aux côtés de Bruno Peyron comme de Francis Joyon, sait de quoi il parle… Et ne cache pas sa hâte de suivre l’aventure : « Ça va être hyper intéressant à suivre, voir comment ils vont réussir à utiliser le potentiel de leurs bateaux, tout le temps ! Et voir ce défi partir de Brest… Pour moi c’est juste une évidence, au même titre que les Sables d’Olonne le sont pour le Vendée Globe ! ». 
 

« Il y avait depuis longtemps l’envie d’accueillir ici une grande course nautique et nous nous sommes mobilisés de longue date pour cette première édition de l’Arkéa Ultim Challenge Brest. C’est, n’en doutons pas, avec fierté et une émotion partagée, que les Brestois et tous les passionnés venus d’ailleurs, seront présents pour voir s’élancer de la plus belle des manières ces géants des mers sur la route de l’exploit.  François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest métropole 
 

Que la fête commence !

Le public pourra participer pleinement à la fête grâce au village de la course, quai Malbert.

Le 29 décembre au matin, les Ultims débarqueront au niveau du goulet de Brest, pour une parade en rade qui promet d’imprimer des souvenirs magiques dans les yeux des petits et des grands. À admirer depuis les points de vue le long de la rade, ou depuis la digue Lapérouse, au port du Château. En fin de matinée, les six concurrents s’amarreront quai Malbert, pour une semaine de compte à rebours. 

Un village XXL

Quai Malbert, à quelques mètres des géants des mers, le village de la course accueillera le public du 29 décembre au 6 janvier, de 10 heures à 20 heures (9 heures à 20 heures le 29 décembre). L’entrée y sera gratuite. 

Ce village aux dimensions imposantes (11000 m2 dont 3000 m2 de surface couverte) réservera de nombreuses surprises de taille à ses visiteurs. De multiples animations seront à l'affiche chaque jour. 

Brest métropole proposera notamment, en partenariat avec Océanopolis, une expo Océan-Climat, mais aussi un jeu Virtual Regatta, qui permettra de se mettre dans la peau des skippers le temps de courses virtuelles de quelques minutes. 

Plus d'informations sur les animations du village

Retrouvez le programme jour par jour à l'agenda de l'Arkea Ultim Challenge 

Parce que l’aventure que s’apprêtent à vivre les six marins de l’Arkéa Ultim Challenge Brest est unique, le village de la fête le sera aussi. Outre les espaces de découverte et d’exposition, une grande scène accueillera de nombreuses animations : dédicaces des skippers (le 29 décembre à 17 heures puis le 6 janvier à 17 heures) mais aussi de sportifs de haut niveau du territoire, concerts… Et pour faire une pause, un espace brasserie sera également de la partie, et proposera notamment une soirée réveillon au soir du 31 décembre. 

 

Afin de permettre au plus grand nombre de profiter de la fête, un petit train sera mis en service du 29 décembre au 6 janvier, pour relier le centre-ville, depuis la station de téléphérique, au port, avec un arrêt place de la Liberté.

De 10 heures à 20 heures, tous les jours. Gratuit. 

 

Le 7 janvier au matin, les six Ultims mettront le cap sur la course, depuis la rade, avec un départ dans la matinée au niveau du phare du Minou. Là encore, un beau moment à ne pas manquer, depuis le port ou les points de vue le long de la rade. Un espace dédié à la course ouvrira le jour même aux Ateliers des Capucins.

Au programme : une vaste exposition sur la protection des océans, des visites pour les scolaires en semaine, mais aussi deux plateaux TV chaque semaine, pour suivre au plus près le cheminement des marins à travers les océans. 

 

L’accueil de ce grand événement implique une modification provisoire de circulation et d’aménagement du site pour le montage et démontage.

  • Rue Alderic Lecomte : le stationnement est interdit et la circulation maintenue en double sens.

    Du jeudi 28 décembre 2023 à 5 h Jusqu’au lundi 8 janvier 2024 à minuit.

    Les riverains du quai Alderic Lecomte peuvent rejoindre leurs parkings privatifs.

    La circulation est maintenue sur le quai Tabarly.
  • Quai Malbert : le stationnement sera progressivement interdit et la circulation sera soit en sens unique, soit interdite du lundi 4 décembre 2023 à 5 h jusqu’au mardi 16 janvier 2024 à minuit (au plus tard), date de remise à disposition des espaces. Les piétons peuvent circuler.
  • Quai de la Douane, entre le quai Georges Lombard et la rue Commandant Malbert : le stationnement est interdit et la circulation maintenue en sens unique du jeudi 28 décembre 2023 à 5 h jusqu’au lundi 8 janvier 2024 minuit (sauf le dimanche 7 janvier 2024 où la circulation sera interdite).
  • Parc à chaînes ouest, sur une partie : le stationnement est interdit du mercredi 27 décembre 2023 à 5 h jusqu’au mercredi 10 janvier 2024 minuit.

    Une signalisation temporaire est mise en place sur le site à destination des automobilistes et des piétons.
Le navigateur Eric Péron debout sur son navire avec le port de commerce de Brest en fond
Eric Péron, le navigateur finistérien, est paré à relever un "défi fou" le 7 janvier 2024 - ©Franck Betermin

La rencontre : Eric Péron, l'homme pressé

À 42 ans, Éric Péron s’apprête à réaliser le rêve d’une vie. Aux côtés des cinq autres skippers de l’Arkéa Ultim Challenge Brest, le marin sera, le 7 janvier 2024, sur la ligne de départ de ce que lui-même qualifie de « défi fou ».
Deux mois avant le départ de l’Arkéa Ultim Challenge Brest (lire page 10), il a pointé son étrave le long du quai Malbert. Un premier géant sur le port brestois, comme une vigie avant la déferlante. Joli clin d’œil en tout cas, car s’il est le premier à quai avec son trimaran Adagio, Éric Péron fut le dernier à officialiser sa participation à ce tour du monde en solitaire encore jamais vu.
 

« C’est un défi fou, c’est complètement dingue, mais en fait, c’est ça que j’aime », sourit-il, les yeux perdus sur l’horizon de la rade de Brest. Le marin natif de Quimper n’en est pourtant pas à son premier challenge. « Mais je crois que je m’aperçois seulement aujourd’hui que le chemin que j’ai pris dès le départ me menait ici… »

Retour aux sources. En 1989, le bambin de Loctudy arpente les pontons des Sables d’Olonne, sur les talons de ses parents. Ce jour-là, comme chaque année, des marins au long cours s’apprêtent à s’élancer pour le Vendée Globe… et dans la tête du marmot, un rêve se dessine : « Ces gens curieux qui partaient faire le tour du monde, ça m’interpellait… ».

Brest… moi j’aime bien, c’est une ville qui me crée de l’affection. Quand je pense à elle en lui donnant une âme, j’ai un air de Miossec dans la tête ! Moi, je ne suis pas très citadin. Mais ce que j’aime, c’est arriver par le pont de l’Iroise, et regarder cette porte de sortie qu’est le goulet, voir un bateau qui sort, un autre qui rentre… c’est ça qui me plaît ici !

De là à en faire une vie… Il faudra attendre quelques années, et passer par l’apprentissage de la navigation tous temps, des optimists de l’enfance aux chevaux de course de la Solitaire du Figaro, en passant par la mythique Volvo Ocean Race, aux côtés de Charles Caudrelier. « Cette course autour du monde en équipage a constitué une vraie grosse étape dans ma vie. C’était un premier aboutissement, en étant sur l’une des courses que tout marin voudrait faire. J’ai beaucoup appris, et gagné en crédibilité : je passais d’une petite écurie à la F1 ! ».

 

Un tour du monde à son actif, le marin a pris l’Arkéa Ultim Challenge Brest en route. « Un sponsor qui te dit oui, un autre qui suit… puis le premier qui se dédit… On a pris neuf mois de retard… mais on y est ! », souffle-t-il.

Le long du quai Malbert, il couve du regard sa bête de course, l’ancien Géronimo de Kersauson, celui-là même qui a raflé deux records : l’un en équipage, l’autre en solo (1). De quoi foncer tête baissée, investir 150 % de son temps et de son énergie dans une préparation express. « C’est de la folie… Mais le bateau était dispo, la course était là, et moi je me sens prêt, donc ça se tentait ! ».

Les yeux dans le bleu, Éric Péron a décidé d’amarrer son bateau à Brest dès l’automne, pour embarquer celles et ceux qui ont décidé de rêver. « Venir ici, c’est essayer de recréer chez les plus jeunes, et chez tous ceux qui s’y intéressent, un peu de ce que moi j’ai ressenti gamin, au Vendée Globe. Ce qu’on s’apprête à faire, c’est colossal. Mais s’il n’y a pas des fous comme nous pour y aller, personne n’ose se dire que

c’est possible !
».

(1) Record en équipage d’Olivier de Kersauson en 63 jours, 13 heures et 59 minutes, en 2004. Record du Tour du monde en solitaire de François Gabart, en 42 jours, 16 heures et 40 minutes.

En résumé

  • 29 décembre : arrivée des compétiteurs au port de commerce, Anthony Marchand, Charles Caudrelier, Thomas Coville, Armel Le Cleac’h, Tom Laperche et Eric Péron. 
  • Ouverture du village de course au public: le détail des animations est dans notre événement à l’agenda), 
  • Du 29 décembre au 7 janvier : la ville vivra au rythme des préparatifs des marins
  • 7 janvier : coup d’envoi du tour du monde de l’Arkéa Ultim Challenge