Créée il y a tout juste un an, l’entreprise brestoise Gwilen, développe un nouveau matériau de construction à partir de sédiments marins. Une innovation prometteuse que Yann Santerre et son associé Mathieu Cabannes comptent bien proposer au plus grand nombre afin de réduire l’impact environnemental des dragages dans les ports et l’utilisation de béton et de ciment dans le secteur du BTP.
« J’ai grandi près de Vannes, et j’ai pu constater par moi-même l’envasement progressif de l’estuaire de la Vilaine et les conséquences que ce phénomène peut engendrer », se souvient Yann Santerre. Après des études en architecture puis en génie civil, ce problème d’envasement le taraude. Comment valoriser les tonnes de sédiments draguées chaque année dans les ports et les estuaires, dont une maigre partie est ramenée à terre mais dont la grande majorité est immergée plus au large et impacte la biodiversité ?
Un procédé inspiré par la nature
À force de recherches avec son associé issu de Polytechnique et des Ponts-et-Chaussées, ils s’inspirent de la nature pour imaginer un procédé permettant de solidifier cette matière première essentiellement composée d’argile, de sable, de sel, de particules de coquilles et de résidus d’algues. Le résultat ? Un matériau gris comme le béton, avec des propriétés similaires à celles de la terre cuite, et surtout complètement biosourcé.
« Notre procédé utilise des ingrédients 100% naturels et nous permet d’obtenir un matériau dont les propriétés sont très proches d’une roche sédimentaire, sans avoir recours à une cuisson à haute température qui est très énergivore », détaille Yann Santerre, dont la trouvaille a été présentée en septembre dernier à la Paris Design Week et a d’ores et déjà séduit des architectes et designers d’intérieur.
Réduire l’utilisation de sable et de ciment dans le BTP
« Nous commençons tout juste la commercialisation », confie Yann Santerre, qui vient d’emménager dans un nouvel atelier de production. Un projet prometteur accompagné notamment dès son origine par le Technopôle Brest-Iroise et l’incubateur de l’ENSTA Bretagne, et qui vient d'être soutenu par Brest métropole dans le cadre de son Appel à projets "Réussir les transitions dans l'économie". « Cette aide nous a notamment permis d’aller plus vite pour financer nos machines, embaucher et nous installer dans ce nouvel atelier », explique-t-il.
« Nous essayons de ne pas brûler les étapes avant d’imaginer une production plus industrielle. Pour l’instant, nous travaillons uniquement sur des petites séries pour du design d’intérieur ou du mobilier pour des boutiques, des hôtels ou des particuliers. Nous continuons aussi la R&D pour trouver de nouvelles textures, tester de nouvelles couleurs, etc. Nous avons de très bons retours car beaucoup de monde est à la recherche de matériaux alternatifs dans le secteur du bâtiment », se félicite celui qui prévoit deux embauches cette année et cherche de nouveaux partenaires portuaires pour tester son procédé sur différents types de sédiments.
Plus d'informations sur le site internet de Gwilen