Déchets alimentaires : un atout au menu !
Depuis le 1er janvier, Brest métropole déploie un nouveau dispositif, visant à généraliser, courant 2024, le tri des déchets alimentaires.
C’est un geste appelé à devenir réflexe, dans tous les foyers de Brest métropole. Plutôt que de jeter nos restes de repas dans le bac à ordures ménagères, il est désormais conseillé de les trier eux aussi. Et pour ce faire, la collectivité propose de nombreuses solutions. « La loi antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC), adoptée en février 2020, oblige au tri à la source des biodéchets. Les collectivités sont tenues de proposer des solutions de tri des biodéchets à la population », précise Manuella Le Broch, à la direction des déchets de Brest métropole.
De bonnes bases
Le territoire n’en est pas aux débuts de l’histoire du tri. Après le verre, les bacs jaunes se sont généralisés en 2000. Les déchets alimentaires font eux aussi l’objet d’une attention particulière sur Brest métropole, depuis de longues années : « En 10 ans, pas moins de 10 000 composteurs individuels ont été remis aux foyers, et plus de 200 aires de compostage collectif aménagées », rappelle Serge Odeye, responsable des relations usagers à la direction des déchets.
Alors, pourquoi aller plus loin ? À ce jour, les déchets alimentaires représentent un tiers du contenu des poubelles d’ordures ménagères… et finissent donc incinérés. Alors même qu’ils pourraient facilement être valorisés !
Mieux équiper les foyers va donc pouvoir permettre à chacun de participer, à sa mesure, à un geste vertueux.
L’offre s’étoffe
L’ambition de cette nouvelle étape est donc majeure, et les moyens mis en œuvre sont à la hauteur, avec un budget de 3,5 millions d’euros (dont 1,5 million d’aides de l’État). « C’est un investissement conséquent, qui démontre notre engagement pour ce nouveau service aux habitants », relève Tristan Foveau, vice-président de Brest métropole en charge de la gestion durable des déchets.
Et l’offre s’étoffe, quel que soit le choix de valorisation des habitants. Pour celles et ceux qui, disposant d’un jardin, ne sont pas encore équipés d’un composteur, la collectivité les met à disposition sur simple demande, et gratuitement depuis le 1er janvier.
Déploiement progressif
Pour les petits collectifs (moins de 50 logements) disposant d’espaces verts à proximité, des zones de compostage commun vont progressivement être mises en place. Enfin, pour les zones très denses, comme le centre-ville et les centre-bourgs, des points d’apport spécifique, situés à proximité des conteneurs enterrés, sont en cours d’installation.
Chaque fois, une information sera faite aux habitants qui pourront également se voir dotés de "bio-seaux". L’ensemble de ces nouveaux équipements sera mis en œuvre progressivement sur l’année, en démarrant à l’ouest du territoire (Plouzané…), pour s’achever à l’est.
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400
points d'apport spécifique
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4 000
tonnes de déchets alimentaires valorisé d'ici 2025
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3,5
millions d'euros investis (1,5M€ par l'État)
Pour toutes et tous
Un cercle vertueux, voué à s’élargir avec le temps. Car, qu’il s’agisse de composter pour soi, ou de contribuer collectivement via les points d’apport spécifiques, tout le monde s’avère gagnant. Les restes alimentaires collectés dans les points d’apport spécifiques vont ainsi être traités dans l’usine de méthanisation de Menez Avel à Plourin et être valorisés en biogaz ou en fertilisant.
De quoi, au final, mieux jeter, en triant mieux, pour ne plus gaspiller de précieuses ressources mais les voir réutilisées, au local !
« Nos ambitions en matière de réduction des déchets ne datent pas d’hier, mais nous avons voulu accélérer le mouvement avec le tri à la source des déchets alimentaires. Il s’agit pour nous d’apporter un nouveau service de proximité aux habitantes et habitants, dans l’objectif de réduire l’empreinte écologique du traitement de nos déchets, et les coûts induits pour la collectivité », Tristan Foveau, vice-président de Brest métropole en charge de la gestion durable des déchets.
Pour Dominique et Michel, le compostage s’assimile à un art de vivre en accord avec leurs convictions, ancrées depuis des décennies. Guides composteurs pailleurs pour Brest métropole depuis 2011, ils ont, progressivement, vu les habitudes changer. Pour le mieux, même s’il reste du travail ! « Aujourd’hui, avec toutes les infos sur le changement climatique, les gens commencent à réaliser qu’il faut agir. Et les écoles font du vrai bon boulot avec les enfants… ils convainquent leurs parents de s’y mettre », se réjouit Michel.
Dans leur jardin du Relecq-Kerhuon, le potager est un garde-manger et le compost fait office de recyclerie : « Pour nous, il n’y a que des choses à valoriser, pas de déchets ! Et puis, les gens se font une montagne du compost, alors que c’est tout simple », sourit Dominique. Un silo composteur au plus près de la cuisine, le respect de la règle des 50/50 (50 % de matériaux carbonés type papiers, feuilles mortes ou tailles de haies, et 50 % de matériaux azotés comme les épluchures de légumes), et un peu d’huile de coude pour mélanger les premiers centimètres du compost régulièrement… et le tour est joué ! Quant à la motivation, elle est toute trouvée : « Quand on aime faire son jardin, et qu’on choisit de faire un potager qui nous nourrit, composter n’est pas une contrainte, c’est une évidence ! ».
Depuis un an exactement, le midi de l’école de Goarem Goz, à Plougastel-Daoulas, est invariablement le même. Leur repas achevé, les élèves se dirigent vers un buffet et vident leurs assiettes dans un seau. « Ils n’y mettent ni viande, ni poisson, ni plat en sauce, explique Gaëlle Lansonneur, responsable de site. Ce sont les consignes que nous avons reçues de la part de l’association Vert le jardin, qui nous accompagne depuis le début de l’aventure. Mais les céréales, les entrées, les légumes peuvent y être vidés. »
Alors, une fois les tables nettoyées, six d’entre eux récupèrent les seaux, partent en direction des composteurs, y versent les restes de nourriture… et “se disputent” gentiment pour savoir qui aura le privilège de manier l’outil grâce auquel le compost est ensuite brassé, dans le but de l’aérer. Ce petit circuit quotidien, les enfants n’y dérogeraient désormais pour rien au monde. Au soir des vacances scolaires, ou à la rentrée, les composteurs sont vidés et le terreau né de tous ces restes alimentaires est ensuite réutilisé pour jardiner. Rien ne se perd, tout se récupère !
Né en 2014 à l’initiative d’un groupement d’agriculteurs, le site de Menez Avel, à Plourin, s’est lancé dans la méthanisation et la valorisation des biodéchets quelques années après sa création. Et c’est dans ce cadre que Menez Avel, par le biais de Sotraval, contractualise avec Brest métropole depuis quelques années, pour des volumes qui, au regard de la nouvelle réglementation sur les biodéchets, ne devraient qu’augmenter (quelque 400 tonnes livrées par Brest métropole en 2023).
« On reçoit des produits périmés, des restants de table, des défauts d’emballage, résume Angélique Hall, responsable du site de Menez Avel. Et on transforme cette matière pour la revaloriser en énergie. Il faut bien comprendre que les déchets de ce type n’ont aucun intérêt à finir leur vie dans une poubelle, dans le sens où ils possèdent un intérêt énergétique énorme dès lors qu’ils sont traités ! ».
À Menez Avel, où travaillent cinq salariés à temps plein, les déchets passent d’abord par une phase de déconditionnement avant d’être mélangés à différents biodéchets (pelouse, effluents agricoles…), créant ainsi un produit qui sera purifié et passera ensuite à la méthanisation. Ainsi naît donc le biogaz qui, finalement, va être transformé en une électricité directement injectée dans le réseau, via une génératrice.
Lénaïg Guiziou a fait partie des premiers utilisateurs des points d’apport spécifique de la ville de Brest. « Quand j’ai su qu’un test était mis en place pour trier les déchets alimentaires dans mon quartier, j’y suis allée. Je triais déjà mes déchets organiques quand j’habitais en maison, et je ne me suis tout simplement pas posé la question d’y aller ou pas », sourit cette habitante d’un appartement du centre-ville. Depuis plus d’un an donc, cette maman a ajouté un seau à compost aux autres poubelles de la cuisine, sans sourciller.
« Franchement, j’aurais du mal à faire machine arrière ! Disposer de ces bacs à proximité de chez soi quand on habite en ville, c’est indispensable. Et même si ce sont de nouveaux réflexes, ils s’ancrent vite dans les habitudes : nous, on a ainsi divisé notre poubelle d’ordures ménagères par deux, on ne la sort plus que tous les 15 jours ».
Alors, oui, une fois par semaine, il faut aller jusqu’au point d’apport spécifique, « mais comme on peut le faire pour les plastiques, le verre… c’est juste un nouveau réflexe et un peu de discipline. Si on a plus de points de ce type, je me dis que c’est une bonne chose : on produit tous tellement de déchets que si chacun peut faire un geste pour qu’ils servent à quelque chose… En tout cas, moi ça correspond à mes valeurs ».
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