Bien manger, c’est pas sorcier !

Mise à jour le 10/10/2024

Parce que bien se nourrir, c’est aussi bien vivre au quotidien, la qualité de l’alimentation disponible sur un territoire constitue un bon baromètre de la santé de sa population. Et en la matière, Brest métropole met les petits plats dans les grands.

  • deux personnes devant un étal de légumes frais
    Cabas des champs à Quéliverzan - ©Julien Creff
  • Une femme portant des sacs de nourriture
    Les habitants viennent récupérer les paniers de légumes et produits frais au centre social les Amarres à Keredern. - ©Julien Creff

La question fait rarement débat : chacune et chacun, quelle que soit sa vie, ambitionne de bien manger. Encore faut-il savoir comment. Mais en donnant un coup de jeune à son assiette, nous pouvons toutes et tous, à tous les âges de la vie, mieux vivre au quotidien.

Atouts à la carte

Lancé en 2021, le projet alimentaire de territoire* de Brest métropole a permis d’accélérer le mouvement, pour donner au plus grand nombre les clés d’une alimentation saine et abordable. 

Un travail de fourmi, qui commence à porter ses fruits, notamment parce qu’il a su se baser sur les atouts locaux : un tissu associatif fort, des vies de quartier où le collectif est une seconde nature, et un vivier d’actrices et acteurs locaux prêts à mettre la main à la pâte.

Trois V au goût sûr

Mais au fait, c’est quoi une alimentation de qualité ? « C’est manger varié, vrai et végétal : les trois V. Mieux manger, c’est aller vers les produits de saison, privilégier le fait maison au détriment des aliments industriels, et réduire les quantités de viande, pour plus de légumineuses », résume Delphine Gouez, diététicienne pour la ville de Brest. 

Avant d’ajouter : « Culpabiliser les gens sur leur manière de manger ne servira à rien. Leur démontrer par l’exemple que se mettre aux 3 V est abordable, facile, et permet aussi de retrouver du plaisir à manger ensemble est beaucoup plus efficace. »

Un homme présentant une assiette pleine
Aujourd’hui, le bien manger se décline de la crèche à l’Ehpad. - ©Julien Creff

De 0 à 107 ans

C’est sur cette ligne que s’est mis en place le projet alimentaire de territoire. Pour ce faire, le travail a consisté à soutenir largement la sensibilisation et l’éducation au goût, mais aussi à accompagner l’existant, notamment dans la restauration collective. Car le territoire ne part pas de zéro, loin de là, notamment pour tout ce qui relève de l’alimentation des plus jeunes : « L’éducation au bio, l’éducation au goût sont des piliers de la politique de restauration scolaire voulue par la ville de Brest, affirme ainsi Emilie Kuchel, adjointe au maire de Brest en charge de la politique éducative. Dans les écoles publiques brestoises, et ce depuis longtemps désormais, le but est de garantir l’accès du plus grand nombre à des repas de qualité. »

Des actions directement en classe

Afin de pousser le curseur, c’est le service promotion de la santé de la ville de Brest qui vient en appui, avec par exemple des actions de sensibilisation au bien manger dans des dizaines de classes de CP, chaque année. « Et cela donne des résultats, avec des parents qui, suite à ces actions, modifient souvent le goûter donné à leurs enfants, en remplaçant les goûters ultra-transformés par des fruits secs, notamment », précise Delphine Gouez, en charge de la coordination de ces projets à Brest. 

Un goûter équilibré, ajouté à un déjeuner composé de produits locaux, bios et de saison pris à la cantine, et ce sont les bases d’une alimentation plus saine qui s’inscrivent dans la normalité des petites et petits… Quand, dans les Ehpad du territoire ou le portage de repas, le pli est tout autant pris : « Notre mission, c’est de prendre soin des résidents. Et, en Ehpad, dès lors qu’on apporte du plaisir dans l’assiette, avec de bons produits souvent faits maison, cela participe à leur bien-être », estime ainsi Lionel Diquelou, chef de restauration pour les trois Ehpad du Sivu de l’Elorn, à Guipavas et au Relecq-Kerhuon (lire page 12).

La saveur du collectif

Dans toutes les communes de la métropole, une véritable dynamique est à l’œuvre : 

  • repas partagés dans les centres sociaux, 
  • ateliers dédiés à l’équilibre alimentaire dans les MPT ou les patronages, 
  • jardins partagés, 
  • mais aussi groupements d’achats permettant de réduire les coûts tout en se procurant des produits de qualité, souvent locaux… 

Avec une astuce imparable : le (bon) goût des produits que l’on cuisine, et celui des repas pris ensemble. « Chaque semaine, on propose nos produits à la ferme, et on cuisine ensemble… C’est ça qui marche, et les gens sont demandeurs ! », résume Michel Campion, de Vert le Jardin. 

À Guipavas, comme dans les quartiers brestois, les fermes urbaines de l’association rassemblent ainsi toutes les cultures et toutes les bourses, autour de produits simples, et de recettes qui le sont tout autant qu’elles s’avèrent savoureuses. La preuve par l’assiette que le plaisir vient en partageant !
* Mené par Brest métropole, en partenariat avec différentes associations locales, la Chambre d’agriculture, l’UBO ainsi que les habitantes et les habitants.

Parole d’élue

« L’accès à l’alimentation de qualité ne doit pas être réservé à une minorité, c’est une question de justice sociale. Le projet alimentaire se donne l’ambition d’impulser et de soutenir les dynamiques portées par les acteurs du territoire pour permettre au plus grand nombre l’accès à l’alimentation saine et durable, le Bien manger doit s’inviter dans toutes les assiettes. »
Nathalie Chaline, vice-présidente de Brest métropole en charge de l’alimentation durable

  • Un homme et une femme devant une ruche
    La miellerie du Forestic fait partie de l'exposition "Celles et ceux qui nous nourrissent" aux ateliers des Capucins dès le 17 octobre. - ©Julien Creff
  • Deux hommes dans un pré avec des chèvres
    L'exposition "Celles et ceux qui nous nourrissent" mettra à l'honneur les paysans et paysannes de la métropole brestoise. - ©Julien Creff

Quatre façons de bien manger

Dans les paniers des Cabas des Champs, des centaines d’habitants des quartiers prioritaires de Brest métropole composent chaque mois le menu équilibré de leurs repas, sans se ruiner. 
Nés il y a 10 ans, ces groupements d’achat sont aujourd’hui présents sur les quartiers de l’Europe, de Lambézellec, de Bellevue, ainsi qu’à Kerangoff. Avec une philosophie inchangée : « Permettre aux habitants d’avoir accès à une alimentation de qualité, à prix raisonnable », résume Henriane Le Gouill, en charge des Cabas au centre social de Kérédern. Ici, chaque mois, quelque 40 familles commandent ainsi leurs paniers. « Chacun choisit ce qu’il veut, dans la liste fournie par nos 12 producteurs. », poursuit Henriane. Le tout sans marges d’intermédiaire, donc à prix intéressant. 

C’est au centre social que les Cabas se distribuent chaque mois, « parce que c’est aussi, beaucoup, un vecteur de lien social ! ». Une vérité que ne reniera pas Frédéric Pellé, de Vrac 29. L’association, soutenue Brest métropole, propose également chaque mois aux habitants des quartiers des produits de qualité, au poids.
Au pied des tours, le jour dit, il y a foule pour récupérer huile d’olive, huile de coco, pois cassés, amandes en vrac… Le tout pour des tarifs avantageux : « Parce qu’on veut mettre l’alimentation de qualité à la portée de ceux qui en ont le plus besoin », précise Frédéric Pellé. De fait, les plus petits revenus bénéficient de -10 à -50 % sur le prix coûtant, les plus aisés rajoutent 10 % au prix affiché. Un système juste, qui regroupe aujourd’hui 450 adhérents sur la ville, pour près de 200 commandes mensuelles. 

A tout âge, les papilles ont besoin de pétiller ! Aujourd’hui, le bien manger se décline de la crèche à l’Ehpad, pour le plus grand plaisir des petits et grands convives… et celui des professionnels qui les nourrissent.
Ce que confirme volontiers Lionel Diquelou, responsable de la cuisine centrale qui prépare les repas pour les trois Ehpad du Sivu de l’Elorn, à Guipavas et au Relecq-Kerhuon. « On a toujours tendu vers quelques produits bio, mais depuis quelques années, on accélère sur la qualité. Nous travaillons désormais avec un maraîcher du coin, ce qui permet de proposer régulièrement des légumes frais et de saison. Pour moi, la qualité de l’assiette, c’est essentiel, et le plaisir du goût aussi », explique ce chef qui travaille avec quatre personnes au quotidien, pour préparer quelque 800 repas par semaine, avec une prédilection pour le fait maison.
Pour résoudre une équation coût/ qualité parfois complexe, le cuisinier a aussi mené une opération anti-gaspi, qui a permis de démontrer qu’il n’était pas nécessaire de surcharger les assiettes : « Souvent, avec l’âge, on mange moins. On sert donc des quantités adaptées, on ne jette plus, et on mise sur la qualité ». Une qualité qui met aussi le végétal au menu : «Si on ne met pas du far au moins une fois par mois, on a des remarques ! C’est bon, ça contient ce qu’il faut au niveau nutrition, et ça permet aussi de faire un menu végétarien que les résidents apprécient ! ».  

L’accès aux produits frais et de saison n’a souvent rien d’évident pour les très petits budgets, encore moins pour des familles sans ressources, parfois sans toit. Le recours à l’aide alimentaire est alors le seul recours pour se nourrir, mais sans disposer d’un choix pléthorique. 
« La Banque alimentaire fournit ce qu’elle a, et les produits frais sont rares. On a voulu tenter de changer un peu les choses, grâce à un appel à projets de l’État, Mieux manger pour tous », explique Elodie Cornec, au CCAS de Brest.
C’est dans ce cadre que, depuis près d’un an, les associations Prélude, basée à Guipavas, et Vert le Jardin, à Brest et Guipavas, livrent chaque semaine les légumes cultivés dans leurs exploitations, à différentes associations d’aide alimentaire brestoises. 

« L’idée, c’est de changer un peu la chaîne de l’aide alimentaire. Souvent, les associations se voient livrer des grandes quantités d’un coup, qu’elles ne peuvent pas conserver. Là, on s’entend sur une commande pour l’année, et nous on livre, chaque semaine, les quantités dont les associations ont besoin. C’est du frais, du bio parfois, et les retours sont super enthousiasmants », note Michel Campion, pour Vert le Jardin. 

Annaïg Brenner, directrice du Phare, lieu d’accueil de jour à Brest, ne dit pas autre chose : « Pour nous, c’est évidemment positif ! Les gens, sont heureux de pouvoir cuisiner et manger des produits de saison… Finalement, ils peuvent, grâce à cette opération, manger comme n’importe quelle famille, et cette sensation-là, ils ne l’ont pas tous les jours. »  

L’exposition “Celles et ceux qui nous nourrissent”, proposée dans le cadre du projet alimentaire de territoire, invite en effet à une lumineuse rencontre avec des hommes et des femmes d’ici, qui, chaque jour, prennent soin de notre bien-être en faisant pousser légumes et fruits, en y élevant des chèvres, des vaches, des cochons… 
De Plougastel à Guilers, de Plouzané à Guipavas ou Bohars, ces paysannes et paysans racontent leur quotidien, la raison de leur passion, les hauts et les bas de journées souvent harassantes, tout aussi souvent gratifiantes. En images et textes, l’exposition propose ainsi une balade inédite au cœur des campagnes d’ici, une mise en lumière de ces productrices et producteurs qui, chaque jour, se battent pour faire de nos repas des festins respectueux des hommes, des bêtes, comme de la terre et de l’océan. Une jolie ode au monde paysan et une invitation, aussi, à le regarder autrement.

“Celles et ceux qui nous nourrissent”, du 17 octobre au 2 novembre, dans les locaux des Insolites, aux Ateliers des Capucins. 

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