Sans-abrisme : la réalité brestoise mieux identifiée

Publié le 22/06/2022

La première nuit de la solidarité brestoise, qui s’est déroulée le 20 janvier dernier, a livré ses enseignements sur la réalité du sans-abrisme au niveau local. La ville de Brest et la CCAS travaillent à mettre en place des solutions pour répondre aux besoins de cette population en grande difficulté.

Actu 2022 -  Sans-abrisme : la réalité brestoise mieux identifiée


Cette année, la ville de Brest a fait le choix de s’associer aux 18 autres collectivités françaises qui ont organisé une nuit de la solidarité. Le 20 janvier, près de 70 personnes, dont un tiers de citoyennes et citoyens, un tiers de bénévoles des associations brestoises et un tiers d’agentes et agents mais aussi d’élus et élus ont ainsi sillonné la ville de Brest, pour aller à la rencontre des personnes à la rue. 

« Nous avons répondu à la demande de l’Etat, de recenser les personnes à la rue, mais nous avons aussi souhaité aller plus loin, en comptabilisant également les personnes pouvant être hébergées via le 115 ou des associations citoyennes. C’était à nos yeux nécessaire, sous peine de passer à côté de la réalité », précise Marion Maury, adjointe au maire de Brest en charge de l’action sociale. 

Des chiffres importants

Force est de constater que ce choix s’est révélé pertinent. Puisque si les équipes de la nuit de la solidarité n’ont rencontré ce soir du 20 janvier « que » 24 personnes sans aucune solution d’hébergement, elles ont au total recensé 495 personnes sans logement personnel ce soir-là dont 

  • 416 qui ont été mises à l’abri par les services du 115 ou les associations d’hébergement citoyen
  • 24 dormant dans la rue
  • 22 vivant dans des lieux type squats
  • 26 hébergées ponctuellement chez des tiers

Un profil masculin et jeune 

Au total 94 personnes ont répondu au questionnaire proposé, et leurs réponses dressent un portrait-robot de la population sans solution de logement durable sur la ville : 

  • 100 % d’hommes 
  • Un tiers de moins de 25 ans
  • Une absence durable de solution de logement, depuis plus d’un an (51 %), voire depuis plus de cinq ans (18%)
  • Une arrivée sur Brest dans une situation préalable de difficultés de logement (44 %)
  • Un non recours au 115 dans 55 % des cas, « probablement parce que la tension est telle qu’ils se sont lassés de ne pas obtenir de réponse »

Adapter les solutions de logement

Face à ces enseignements, la ville de Brest va donc « devoir rechercher des solutions » avance Marion Maury. En matière de logement en priorité, même si la ville est plutôt bien dotée en la matière, avec un CCAS qui propose notamment quelque 450 places d’hébergement et d’insertion sur Brest.

« Mais il y a une tension telle que nous allons probablement devoir développer ou en tout cas réajuster notre offre, pour fluidifier les parcours », précise Patricia Salaun-Kerhornou, vice-présidente de Brest métropole en charge du logement et de l’hébergement.


Car la crise du logement, « ce sont les plus fragiles qui en paient aujourd’hui le prix. C’est à nous, institutions, de mettre en place des solutions », poursuit l'élue. 

Des demandes à l’étude

Les personnes interrogées le soir du 20 janvier ont aussi fait part d’autres besoins, comme ceux de pouvoir disposer d’un lieu de stockage de leurs effets, d’avoir accès à un repas chaud le soir, ou encore d’avoir accès à un point d’eau et à des sanitaires la nuit. Autant de demandes que la ville et les CCAS vont désormais étudier, pour y apporter les réponses les plus adaptées. 

Aller plus loin

Une seconde édition de la nuit de la solidarité sera organisée, à une échéance qui reste à définir. « Mais elle se fera sans doute sur la période estivale, quand la trêve des expulsions est finie, afin de nous donner une meilleure connaissance de la réalité », ajoute Marion Maury.