Brest métropole 50 ans, le bel âge
En un demi-siècle d’existence, Brest métropole a su se forger une identité à part dans le paysage national. Un caractère d’exception, qui fait de la métropole la plus singulière de France un territoire attractif, solidaire et audacieux.
Dans nos quotidiens, que nous soyons locataires d’un appartement du parc social, étudiant à l’UBO, salarié d’une entreprise privée installée dans l’une des zones d’activités de la métropole, usager des transports en commun, ou automobiliste empruntant au quotidien les rues de l’agglomération… Nous bénéficions de ce que Brest métropole a patiemment mis en œuvre pour que nous vivions bien ici. Et souvent mieux qu’ailleurs.
« Il y a eu ici une intelligence collective pour l’avenir, en créant la communauté urbaine de Brest 25 ans avant le mouvement général », confirme François Cuillandre, président de Brest métropole. En 1974, Brest, Plougastel, le Relecq, Guilers, Bohars, Gouesnou, Guipavas et Plouzané font en effet figure de pionnières en regroupant leurs forces dans une communauté urbaine encore rare à l’époque.
L’évidence communautaire
« Il y avait déjà, naturellement, des mouvements de population, notamment pour le travail, entre la ville centre et les communes, avec une certaine continuité urbaine. La CUB relevait de l’évidence », estime encore aujourd’hui Pierre Maille, maire de Brest et président de la communauté urbaine de 1989 à 2001.
Très vite, sous la houlette de Georges Lombard, maire de Brest, la CUB prend ainsi son destin en main, pour que « dans 20 ans, nous vivions ici dans d’excellentes conditions », comme l’espérait alors l’édile brestois. La mise en commun des compétences des communes va vite se révéler un facteur de développement majeur, avec l’adoption, dès 1977, d’un plan d’occupation des sols qui va permettre d’aménager le territoire dans une logique d’ensemble et non de concurrence entre les chapelles.
Dans le même temps, l’université, fondée en 1972, bénéficie du soutien de la collectivité pour se développer : « L’enjeu universitaire a ici été vite compris comme un vecteur de développement économique du territoire », souligne Pascal Olivard, président de l’UBO. 50 ans après, le pari s’avère toujours aussi juste, avec quelque 30 000 étudiants qui, chaque année, font vivre le cœur de ville, et préparent l’avenir.
Métamorphoses
Un demi-siècle après sa naissance, la CUB, devenue métropole de droit, a changé du tout au tout, hormis dans l’esprit de solidarité entre les communes.
Le port de commerce s’est ouvert sur la ville, quand les abords de la Penfeld ont retrouvé leur place dans le cœur des habitants, avec la réhabilitation des Ateliers des Capucins. Le territoire tout entier s’est métamorphosé, à la faveur d’une transformation urbaine et économique qui en fait aujourd’hui l’une des métropoles intermédiaires les plus attractives de France (baromètre Arthur Loyd 2022).
Parole d’élu
« Celles et ceux qui ont décidé de la création de ce qu’on nommait à l’époque “la communauté urbaine de Brest” ont été de grands visionnaires. Première en son genre en France en 1974, elle est devenue statutairement Brest métropole et reste aujourd’hui l’une de celles qui cumulent le plus grand nombre de compétences pour des politiques publiques efficaces au service de ses habitantes et habitants et de l’ouest breton. C’est une réussite incontestable que nous continuons collectivement de bâtir », François Cuillandre, président de Brest métropole
25,4 millions de voyages effectués en 2023, et 29 millions prévus à partir de 2026. Pour la métropole brestoise, la question des déplacements est depuis la création de la communauté urbaine une affaire de priorité. Dès 1975, le réseau de transports en commun brestois devient communautaire, mutualisant ainsi les moyens, au service des habitants du territoire. Aujourd’hui, le réseau ne souffre pas de comparaison : avec une ligne de tram, une ligne de téléphérique, 24 lignes de bus régulières et des services de location de vélos, l’offre est dimensionnée à la mesure de la métropole. Avec des cadencements étudiés au plus juste, sur l’ensemble du territoire. Ainsi, si un habitant de Gouesnou ou Plougastel peut aujourd’hui bénéficier d’un choix de 39 allers-retours possibles entre sa commune et Brest en semaine, pour un coût unitaire de 1,70 euro, le cadencement sera deux à trois fois inférieur sur une commune hors métropole, pour un coût unitaire de 2,50 euros. « La compétence transports est fléchée sur les communautés de communes et métropoles, qui font appel au versement mobilité. À Brest, il représente en moyenne 47 millions d’euros, qui permettent d’adapter le service aux besoins », souligne Victor Antonio, à la direction des mobilités de Brest métropole.
Et ce n’est que le début d’une longue histoire, puisque le réseau est à nouveau appelé à évoluer avec la mise en service d’une deuxième ligne de tram et d’une ligne de Bus à haut niveau de service, en 2026. « Ces deux nouvelles lignes conduiront à une reconfiguration de l’ensemble du réseau, y compris pour l’offre de location de vélos, qui connaît une croissance exponentielle ».
Pierre Maille, ancien maire de Brest et président de la CUB
Quand vous prenez les rênes de la CUB en 1989, quelles sont vos ambitions ?
Continuer à intégrer de plus en plus de compétences, et réussir ainsi à faire de Brest une vraie collectivité, qui ait la responsabilité du développement de l’agglomération. À l’époque, chaque commune était responsable de son aménagement économique, et on ne pouvait pas continuer ainsi à se faire concurrence d’une commune à l’autre.
Nous avons démarré par la création d’un service de développement économique communautaire, et d’aménagement du territoire. Ce qui a permis de conduire un aménagement avec une vision d’ensemble et en bonne intelligence entre tous.
Certains dossiers ont demandé de longues discussions, parfois sportives, mais au final il y a toujours eu ici cette longueur d’avance et cette volonté de porter ensemble le développement de l’agglomération.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur ce territoire devenu métropole ?
Il a changé ! Dans son organisation et sa structure, avec notamment le tramway ; dans les espaces qui se sont ouverts, comme le port de commerce ou Les Capucins.
En mettant en place les Fêtes maritimes, en ouvrant Océanopolis, on a aussi permis à Brest de disposer d’atouts touristiques absents jusque-là.
En parallèle, l’économie s’est largement diversifiée, tandis que les formations supérieures attirent des étudiants qui viennent de toute la France et de plus loin. Et la qualité de vie s’est maintenue.
Tout cela me fait dire que la CUB a été utile à ce territoire, pour son développement économique, pour le portage des grands projets, et aussi pour peser au national.
Chaque semaine, de Plougastel à Bohars en passant par Guipavas ou Brest, nul ne se pose la question. Chacun connaît le jour de passage de la collecte des ordures ménagères, celui de la collecte des emballages. Des habitudes évidentes, pour un confort de vie au quotidien. Gérés par la métropole, la collecte et le traitement des déchets font depuis longtemps partie des priorités, pour toutes les communes.
Mais c’est la mutualisation des moyens des huit communes qui a permis d’en arriver au niveau de service proposé aujourd’hui à tous les ménages du territoire. Avec une date clé dans l’histoire : celle de l’ouverture de l’usine de valorisation énergétique du Spernot, en 1988. Un outil commun qui change tout dans la manière d’aborder la gestion des déchets, via une valorisation qui prendra notamment la forme de la récupération de la chaleur… pour alimenter en chauffage de nombreux équipements et collectifs d’habitation, avec à ce jour, l’équivalent de 30 000 logements chauffés par ce biais sur la métropole.
Dès lors, l’équipement des ménages en bacs poubelles différenciés, puis en bacs de compost, mais aussi la mise en place de cinq déchèteries, sans compter les près de 700 conteneurs aériens à disposition sur tout le territoire ont progressivement permis d’optimiser au mieux la gestion des déchets de toute sorte, avec une vraie valeur ajoutée apportée par le recyclage. Un système ambitieux qui permet de diminuer l’empreinte carbone collective tout en réduisant les coûts de traitement.
En 2023, ils étaient de 80,70 euros par habitant et par an, contre 116 euros par habitant en moyenne nationale (chiffres Ademe 2017).
Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes métropole
On a longtemps opposé Rennes et Brest dans le « leadership » breton. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Il a pu y avoir, par le passé, des logiques de compétitions territoriales. Ce n’était pas propre à nos villes, et ce n’était pas le projet que nous portions en Bretagne. Notre vision commune, c’est celle de la coopération. C’est aussi ce que nous défendons dans le Pôle métropolitain Loire Bretagne que nous avons constitué ensemble, avec Brest, Nantes et Angers.
En quoi était-il important pour la Bretagne que Brest devienne métropole en 2015 ?
Il était inconcevable que Brest ne soit pas métropole. Elle en assumait toutes les fonctions : développement économique, enseignement supérieur, recherche, innovation, place du CHU dans l’Ouest breton… Toutes ces missions, Brest métropole les assumait au service d’un territoire beaucoup plus large que ses limites administratives, avec une tradition intercommunale déjà extrêmement forte. Cela plaidait pour que l’aire urbaine brestoise devienne une métropole à part entière. Grâce à la détermination de François Cuillandre, à l’appui de Marylise Lebranchu, de Jean-Jacques Urvoas et de tous les parlementaires bretons, nous avons obtenu que le statut particulier de Brest en Bretagne soit reconnu.
Avoir deux métropoles pour une seule région, c’est un atout ?
On a vraiment la chance d’avoir deux territoires urbains forts qui permettent à chaque Breton, où qu’il soit, de bénéficier de l’effet d’entraînement des métropoles et des services qu’elles proposent. Le développement régional, pour être équilibré, a besoin de pouvoir s’appuyer, entre autres, sur ses deux jambes : la brestoise et la rennaise.
1974 : création de la CUB. Création de la Sopab, aujourd’hui Brest’Aim.
1977 : le plan d’occupation des sols est transféré à l’intercommunalité, pour une meilleure gestion de l’aménagement.
1982 : acquisition par la ville de Brest du stade de l’Armoricaine, qui devient le Stade Francis Le Blé.
1986 : création de la Sotraval, entreprise publique locale de traitement et valorisation des déchets.
1988 : Le Quartz renaît sur les cendres de l’ancien Palais des arts et de la culture. x
Ouverture du Technopole Brest iroise.
Premiers kilomètres du réseau de chaleur.
1990 : ouverture d’Océanopolis
1991-1995 : travaux d’aménagement du centre hospitalier universitaire de la Cavale Blanche.
1992 : premières Fêtes maritimes.
1994 : ouverture de la faculté des Lettres et sciences sociales Victor Segalen en centre-ville de Brest. Inauguration du Pont de l’Iroise.
2001 : Le Quartz devient scène nationale.
2005 : la CUB devient Brest métropole océane.
2007 : ouverture de la salle des musiques actuelles La Carène, sur le port de commerce de Brest.
2009 : ouverture du nouveau port du Château à Brest.
2010 : création d’Eau du Ponant, société publique locale qui reprend à son compte l’eau et l’assainissement sur le territoire métropolitain.
2012 : inauguration de la première ligne de tramway.
2014 : adoption de la loi Maptam, qui permet la création de métropoles d’exception.
Ouverture de la salle Brest Arena, pour des concerts, des événements sportifs…
2015 : Brest métropole océane obtient le statut officiel de métropole. Elle devient ainsi Brest métropole.
2016 : ouverture des Ateliers des capucins, relié au centre-ville par le premier téléphérique urbain de France.
2019 : début des opérations de renouvellement urbain pour les quartiers de Bellevue, Recouvrance et Quéliverzan.
2023 : début des travaux de développement des transports en commun, avec une deuxième ligne de tramway et une ligne de Bus à haut niveau de service. Livraison prévue début 2026.
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211 920
habitantes et habitants
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30 308
étudiantes et étudiants
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3 400
salariés de la recherche publique
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220 M€
de renouvellement urbain