Avant-première du film Au pays de nos frères en présence du réalisateur Alireza Ghasemi

Culture / Loisirs Publié le 05/02/2025
Le Jeudi 27 février 2025 de 20:00 à 23:00
  • Cinéma Les Studios

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Avant-Première du film AU PAYS DE NOS FRERES en présence du réalisateur Alireza Ghasemi, jeudi 27 février à 20h au cinéma Les studios.

Un film de Raha Amirfazli & Alireza Ghasemi

Sortie nationale en France  le 19/3/2025 - Fiction - 95 min

Synopsis

Iran années 2000 : dans l’ombre de l’invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans "le pays des frères". Une odyssée sur trois décennies où Mohammad, un jeune étudiant prometteur, Leila, une femme isolée et Qasem qui porte le poids du sacrifice pour sa famille, luttent pour survivre à ce nouveau quotidien incertain.

AU PAYS DE NOS FRÈRES peut être perçu sous plusieurs angles : un film sur la condition des réfugiés afghans en Iran mais aussi d’une manière plus universelle sur le rapport à l’altérité. Quel était votre point de départ ? Raha Amirfazli : Pour l’avoir vu en grandissant, nous étions au fait de la situation des réfugiés afghans en Iran. Nous avons des amis afghans et avons pu constater au fil des années à quel point celle-ci s’est détériorée, dans l’indifférence de la société iranienne autant que de la communauté internationale. Notre but premier était donc de la mettre en lumière. À la suite du tournage de AU PAYS DE NOS FRÈRES, nous nous sommesaperçus que la question des réfugiés était devenue une question bien plus globale, à l’échelle mondiale. En fait, cette question s’était déjà invitée dans le processus, avant même cette prise de conscience : à une étape de l’écriture du film, Alireza et moi savions que nous allions devoir quitter l’Iran. Nous ne voulions pas soumettre AU PAYS DE NOS FRÈRES au bureau de la censure, car le résultat aurait probablement compromis notre volonté de réaliser un film aussi honnête que possible sur la réalité de la vie de cette communauté afghane. Nous savions donc que nous allions devenir nous-même des réfugiés dans un autre pays et, dans une certaine mesure, que nous allions devoir nous confronter à une réalité potentiellement similaire, en nous retrouvant dans la même position que nos personnages. La structure d’AU PAYS DE NOS FRÈRES est complexe : elle repose sur trois chapitres, qui eux- mêmes se déroulent sur trois décennies, trois lieux, trois saisons, tout en n’étant pas un film à sketches indépendants, mais une seule et même histoire. Comment l’avez-vous construite ? Alireza Ghasemi : En se basant avant tout sur les recherches que nous avions faites. Le cas des réfugiés afghans a connu plusieurs périodes différentes qui ont entraîné plusieurs vagues, de la génération d’universitaires qui ont fui le pays pendant l’invasion russe, puis le régime des Talibans, puis l’armée américaine à celle d’enfants qui sont nés en Iran sans pouvoir en obtenir la nationalité. D’où l’idée d’aborder différents endroits ou périodes afin de montrer qu’in fine, en dépit de l’évolution des sociétés, le problème reste le même. La difficulté a été de pouvoir effectivement organiser cette structure autour d’une seule famille ; nous ne voulions pas faire un film à sketches. Alors nous avons commencé par écrire des situations en les remodelant à partir des émotions et sentiments que nous voulions faire traverser aux personnages principaux. Cette ligne directrice étant restée notre ligne de mire, de l’écriture à la mise en scène, puis à l’étape de la post-production. Cela pose la question du travail de montage, du directeur de la photo, qui ont dû préserver la continuité narrative tout en se pliant à la contrainte formelle des changements de lieux ou de périodes... Alireza Ghasemi : Ça a été surtout un challenge pour notre directeur de la photo qui devait effectivement veiller à lacohérence narrative. Il nous a convaincu par une remarque lors de la préparation en nous disant qu’il trouvait que l’histoire de cette famille était si triste qu’il était nécessaire de la filmerde la plus belle manière possible. Cela s’est concrétisé par deschangements de cadres, de durée de plans ou de paysages entreles différents chapitres, amenant une progression, comme parexemple celle entre les images hivernales du premier chapitre etcelle plus printanières du second.Cette progression passe par des choses plus souterraines,moins visibles à l’oeil nu, comme la transition d’un Iranrural du premier chapitre à celui urbain du dernier.De la même manière, vous avez choisi de ne pas rendre directement visible à l’écran le viol de Mohamed, la mort probablement d’épuisement du mari de Leïla. La dépouille du fils de Qasem n’est pas montrée non plus...Raha Amirfazli : La plupart de ces points sont apparus en amont de l’écriture : nous tenions à ce que certaines choses ne soient pas exprimées frontalement par les personnages, parce qu’elles les dépassent. Par exemple ce rapport au mensonge, qui est quelque chose de quasi inné dans la société iranienne. Il y est nécessaire de mentir pour se protéger d’un régime oppresseur. Nous voulions intégrer ce type de concept comme une strate supplémentaire. De même que nous avions vite su que nous ne voulions pas montrer l’agression sur Mohamed ni le corps du fils de Qasem. Nous voulions rester dans le registre de la suggestion, sans que le spectateur soit dupe de ce qu’il se passe, mais en respectant la dignité des personnages. Alireza Ghasemi : Cela vient aussi d’une expérience précédente : avant AU PAYS DE NOS FRÈRES, nous avons réalisé un court métrage, SOLAR ECLIPSE, où l’événement central du film (le père de la jeune fille embrasse une inconnue) n’est pas porté à l’écran. Les réactions du public ou de nos proches nous ont appris que la créativité de l’inconscient est très puissante, créant d’elle-même des images qui n’existent pas. Nous sommes partis de ce constat pour AU PAYS DE NOS FRÈRES, en laissant les spectateurs compléter d’eux-mêmes ce que nous avions laissé hors-champ....

Site du film : https://www.jhrfilms.com/catalogue/au-pays-de-nos-freres

Entrée payante (tarif art et essai carnet de ticket des studios valable)