Emeline Pierre dans le grand bain

Publié le 03/09/2024

Aux jeux paralympiques de Paris 2024, la néo-Brestoise Emeline Pierre a décroché la lune olympique et la faite briller sur sa ville d’adoption.

une jeune femme qui surgit du fond de la piscine
Emeline Pierre, médaillée d'or aux Jo paraolympiques de Paris - ©Franck Betermin

Nota : Article paru dans Sillage d'avril 2024, avant les JO

Elle déboule avec un sourire XXL qui emporte tout. Emeline Pierre dégage un je-ne-sais-quoi qui efface le plus petit nuage à l’horizon. La jeune recrue du Cercle des nageurs de Brest est présélectionnée pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, et dispose de (très) fortes chances de gagner son ticket pour ce “Graal” sportif.
Derrière les podiums et ce sourire, une jeune femme de 24 printemps, prête à en découdre avec la crème sportive internationale. Et qui puise son énergie dans un parcours qui ne l’aura pas épargnée.
 

Surmonter l’obstacle

Emeline a 13 ans lorsqu’elle chute en compétition de gymnastique. L’opération qui suit se passe mal, et va changer le destin de l’adolescente, dont c’est alors le cadet des soucis : « Le mot handicap n’était pas prononcé, et moi j’ai repris le sport comme avant ! ».
Le corps ayant ses raisons, la jeune gymnaste finit par s’y rendre… « Je faisais déjà de la natation, alors j’ai bifurqué là-dessus… J’ai toujours vécu dans le moment présent, et je crois que c’est une vraie force pour surmonter le handicap », explique-t-elle simplement.
En 2015, elle fait son entrée au pôle France jeunes natation handisport, à Vichy : « Je n’étais pas vraiment sûre d’être handicapée, mais j’y suis allée, sans savoir dans quoi je m’embarquais… Et sur les premières compétitions, tout s’est dégoupillé », s’esclaffe-t-elle.

Encore et encore

Sept ans durant, elle grandit au sein de cette élite sportive, qui lui apprend tout. Au niveau performances, mais pas seulement : « J’étais entourée de sportifs avec des handicaps bien plus lourds que le mien… Ça a été une résilience fois 1 000 ! ».
La belle histoire manque pourtant de se fracasser contre les JO de Tokyo, en 2021. « L’année de préparation olympique a été extrêmement difficile à vivre. Je suis allée en finale, mais au retour, ma santé mentale en avait pris un coup ».
 

Toujours se relever

En une pirouette, elle se relève pourtant et décide de suivre un cursus en psychomotricité à l’UBO de Brest, intégrant en parallèle le Cercle des nageurs de Brest, en avril 2022. « Je venais avec le peu de confiance et de projets qu’il me restait… Mais l’accueil du club, leur accompagnement a été tel que tout est revenu !».

En juillet 2023, elle décroche le record du 100 mètres dos au championnat de France handisports, et sait désormais que la route pour les JO de Paris est à portée de main… « Cette fois, j’irai pour la médaille. Je ne suis plus la même, j’ai compris qu’il fallait savoir garder du temps pour soi, pour ne pas péter les plombs ».

mini bio

  • 4 décembre 1999 : naissance à Pau
  • 2013 : accident de gymnastique et début d’une nouvelle vie, avec handicap
  • 2021 : participe aux JO paralympiques de Tokyo
  • Juillet 2023 : bat le record du monde du 100 m dos dans sa catégorie, ainsi que cinq autres records français, lors des championnats de France handisports de Saint-Nazaire

S’accrocher à ses rêves

La suite s’écrira dans les bassins, JO ou pas*. « Quoi qu’il arrive, je continuerai à nager. En parallèle, je prendrai le temps de me former : il y a sans doute quelque chose à faire entre sport et psychomotricité… ». La battante a toujours un plan d’avance. Pour continuer à sourire, à rêver, à chasser les nuages…

"Brest,

ma renaissance"

Pour moi Brest c’est tout simplement la renaissance. Ici, je me suis reconstruite, et j’ai retrouvé, aussi, cet air marin qui me manquait de mon enfance. Brest pour moi, c’est un air de liberté : tu prends ta voiture et en dix minutes, tu peux aller souffler en bord de mer… Ici, c’est ma résilience !